La vie de Sinisa Ubiparipovic est faite d'arrivées et de départs. Avant de vivre ce type d'événements, assez courant dans la vie d'un athlète, le nouveau milieu de terrain de l'Impact a dû quitter, à l'âge de 16 ans, une région minée par les conflits armés et l'instabilité.

«J'ai connu la guerre en Bosnie à partir de 1992, explique le joueur de 28 ans. À l'époque, je ne réalisais pas tout ce qui se passait. J'aimais le soccer et je ne pensais pas vraiment à ça. Et puis, mes parents m'ont protégé de toutes les choses qui arrivaient.»

En 1999, ses parents Mirko et Vesna ont justement décidé de prendre un nouveau départ en émigrant aux États-Unis.

«C'était la meilleure occasion pour moi et mon frère pour poursuivre notre éducation et notre carrière», indique le fan de l'Étoile Rouge Belgrade et du FC Barcelone.

Sur le coup, par contre, Ubiparipovic découvre une nouvelle culture et se voit temporairement exclu en raison de la barrière de la langue. Mais il apprend rapidement l'anglais et voit dans le soccer une bouée de sauvetage sociale.

«C'est toujours plus facile de s'adapter à un nouvel environnement à travers le sport. On peut rencontrer de bonnes personnes et des amis. Cela m'a vraiment aidé à m'intégrer.»

Après un passage par l'Université de l'Illinois en 2002, Ubiparipovic s'est joint à la prestigieuse Université d'Akron de 2004 à 2006. En plus d'un diplôme en sociologie, il a accumulé les buts et les distinctions personnelles. Suffisamment pour être repêché par les Red Bulls de New York, en 2007. En quatre saisons, le polyvalent milieu de terrain a disputé 69 matchs et remporté la MLS Cup à l'issue de la saison 2008. Mais avec la nouvelle orientation prise par les Red Bulls, les deux parties ont décidé de mettre fin à leur association, en 2010.

«Je pense que d'aller dans des directions opposées était la meilleure solution pour tout le monde. Pour moi, c'était le temps d'explorer d'autres scénarios.»

L'un d'eux aurait pu le conduire avec l'Impact dès l'hiver. Sur les recommandations de son ancien coéquipier, Marco Rizzi, Nick De Santis l'a invité pour le camp à la mi-janvier. Mais, ses envies de retourner en Europe étaient plus fortes.

«Cela faisait six ans que je n'avais pas vu ma famille et c'était le bon temps de le faire. En même temps, je suis allé voir les possibilités de jouer là-bas. J'ai été en contact avec l'Étoile Rouge, mais cela n'a pas marché de la façon dont je l'aurais espéré.»

Après plusieurs mois d'inactivité, il a finalement fait cet essai avec l'Impact en juillet avant de signer, le 2 août, un contrat jusqu'à la fin de la saison. La décision a été facile à prendre, confirme De Santis.

«Notre question était plutôt de savoir combien de temps cela allait lui prendre pour se remettre en forme, car on a vu immédiatement ses qualités et sa vision. Même s'il n'est pas très rapide, son cerveau va vite sur un terrain. Dès qu'il a un peu d'espace, il peut créer des situations dangereuses pour les autres.»

Il l'a d'ailleurs démontré lors de ses entrées en jeu, puis contre les Silverbacks d'Atlanta avec une frappe lointaine victorieuse, puis quantité d'ouvertures millimétrées. Une bonne fin de saison de l'Impact est liée à de bonnes performances de son numéro 28, clame De Santis.

«Cela fait des années que l'on n'avait pas un joueur avec ce profil à Montréal. C'est quelqu'un qui va être décisif pour la manoeuvre offensive et la gestion du match. Il a aussi la confiance des autres joueurs qui reconnaissent ses qualités et son importance.»

Ubiparipovic espère maintenant qu'une excellente fin de saison au niveau individuel et collectif lui rouvrira les portes de la MLS. «C'est un de mes objectifs personnels, sans aucun doute. Mais actuellement, mon but est de finir fort la saison et de nous qualifier pour les séries.»