Mohamed Bin Hammam avait raison de craindre le pire: celui qui était président de la Confédération asiatique a été banni à vie de toute activité liée au football samedi par la Fédération internationale (FIFA), dernier épisode en date d'une incroyable affaire de corruption.

Mais si la FIFA espérait en finir avec cette affaire d'achat de voix dans le cadre de l'élection présidentielle de l'instance, elle fait fausse route.

Bin Hammam, qui s'est toujours dit innocent, s'attendait à être lourdement sanctionné, dénonçant ces jours derniers une procédure «biaisée» et «inéquitable», et avait déjà annoncé son intention de procéder à des recours.

Joint par l'AFP, le Qatarien de 62 ans a annoncé samedi soir qu'il allait faire appel devant la FIFA. Ce sera une première étape avant de se tourner éventuellement vers d'autres voies, sportive avec le Tribunal arbitral du sport (TAS), ou civile, comme le Tribunal fédéral suisse comme l'avait précisé jeudi une source de son entourage à l'AFP.

Par ailleurs, MBH a publié samedi soir sur son blogue une ancienne lettre que lui avait adressé le président de la FIFA Joseph Blatter en 2008 pour le remercier, quand ils étaient à l'époque les meilleurs amis du monde.

En dessous de la reproduction de cette lettre, Bin Hammam commente: «C'est une simple bataille, pas la guerre...», laissant entendre que la FIFA, en le radiant, n'en est qu'au début d'un long conflit avec lui.

L'affaire avait éclaté fin mai, juste avant l'élection présidentielle à la FIFA où Bin Hammam était opposé au président sortant, Blatter. Bin Hammam était accusé d'avoir voulu acheter des voix lors d'une réunion de la Confédération du football caribéen début mai à Trinité et Tobago, avec des enveloppes contenant 40 000 dollars.

Des photos de ces enveloppes marron ont déjà circulé sur internet, sans qu'il soit possible de les authentifier.

Va-t-on reparler du Mondial 2022?

MBH avait alors retiré sa candidature juste avant son premier passage le 29 mai devant le comité d'éthique de la FIFA qui l'avait suspendu à titre provisoire depuis cette date, le temps d'une enquête interne.

Blatter, seul candidat en lice, avait été réélu dans une ambiance délétère le 1er juin, le mot de corruption étant sur toutes les lèvres.

Le feuilleton qui brouille l'image de la FIFA depuis sept semaines a donc connu un nouvel épisode charnière ce week-end à Zurich. Bin Hammam, sans illusions, ne s'était pas présenté à l'audition devant le comité d'éthique de la FIFA vendredi.

Comité qui l'a donc radié samedi et qui a infligé dans cette affaire une suspension d'un an de toute activité liée au football à deux responsables du football caribéen, Debbie Minguell et Jason Sylvester, personnages moins en vue.

Également suspendu au départ dans cette affaire, pour complicité présumée avec Bin Hammam, le Trinitéen Jack Warner, vice-président de la FIFA, a présenté sa démission le 20 juin et ce retrait a refermé toutes les procédures menées à son encontre.

Reste maintenant à savoir quel sera le traitement réservé à cette affaire par les médias anglais, en pointe pour mettre en doute les conditions d'attribution du Mondial-2022 au Qatar, patrie de Bin Hammam.

Certains d'entre eux vont-ils demander une enquête - ce que la FIFA a toujours refusé, faute de preuves - sur le dossier Qatar 2022 après la condamnation de Bin Hammam?