Mohamed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique, suspendu pour corruption présumée par la Fédération internationale de football (FIFA), ne se fait plus d'illusions même s'il clame son innocence: il s'attend à être condamné, préparant déjà ses recours futurs.

Mais où est donc le personnage principal du feuilleton qui brouille l'image de la FIFA depuis sept semaines? Le Qatarien devait être entendu vendredi par le comité d'éthique à Zurich au siège de la FIFA, comité qui doit ensuite délibérer et rendre sa décision samedi. Mais Bin Hammam n'a pas été vu à Zurich.

Des sources dans son entourage ont indiqué à l'AFP qu'il n'avait pas fait le déplacement, laissant ses avocats le représenter. La FIFA, interrogée par l'AFP, n'a ni confirmé ni infirmé son absence.

Invisible, «MBH», qui assure toujours de son innocence, occupe cependant l'espace médiatique en s'exprimant sur son blogue, sans préciser toutefois s'il avait fait ou non le déplacement en Suisse.

«Si nous devons croire les déclarations dans la presse de différents officiels de la FIFA ou de ceux qui travaillent pour eux, en dépit de la faiblesse des charges retenues contre moi, je ne suis pas très confiant concernant la conduite de l'audition», écrit l'homme d'affaires de 62 ans.

«Il semble que la FIFA ait déjà pris sa décision il y a plusieurs semaines, poursuit-il. Et personne ne serait vraiment surpris si j'étais déclaré coupable».

«Étant donné les évènements depuis ma suspension (le 29 mai), il semble désormais impossible que mes accusateurs admettent qu'ils ont tort, bien que je souhaite qu'ils aient le courage de reconnaître leurs erreurs», assène-t-il.

TAS et autres recours

«Mais soyez assuré que la justice peut l'emporter, si ce n'est par le biais du comité d'éthique, ce sera devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), ou si nécessaire devant d'autres cours de justice où l'équité sera respectée», conclut l'ancien homme fort du football asiatique.

Bin Hammam confirme donc que si le comité d'éthique le condamne lourdement (il encourt jusqu'à un bannissement à vie des activités liées au football), il saisira le Tribunal arbitral du sport, avant d'user d'autres voies, éventuellement, par exemple le Tribunal fédéral suisse comme l'avait précisé jeudi une source de son entourage à l'AFP.

L'affaire avait éclaté fin mai, juste avant l'élection présidentielle à la FIFA où Bin Hammam était opposé au président sortant, le Suisse Joseph Blatter.

Bin Hammam est soupçonné d'avoir voulu acheter des voix lors d'une réunion de la Confédération du football caribéen début mai à Trinité et Tobago, avec des enveloppes contenant 40 000 dollars. Des photos de ces enveloppes marron ont déjà circulé sur l'internet, sans qu'il soit possible de les authentifier.

Il avait retiré sa candidature la veille de son premier passage devant le comité d'éthique de la FIFA qui l'a suspendu le temps de l'enquête interne, qui dure donc depuis sept semaines.

Blatter, seul candidat en lice, avait été réélu dans une ambiance délétère le 1er juin, le mot de corruption étant sur toutes les lèvres.

Vendredi et samedi, les implications de deux responsables du football caribéen, Debbie Minguell et Jason Sylvester, personnages moins en vue que Bin Hammam, devaient être également examinées par le comité d'éthique.

Également suspendu au départ dans cette affaire, pour complicité présumée avec Bin Hammam, le Trinitéen Jack Warner, vice-président de la FIFA, a présenté sa démission le 20 juin. Ce retrait a refermé toutes les procédures menées à son encontre.