Mano Menezes n'a pas accepté le travail le plus facile en prenant la relève de Dunga, à l'issue du Mondial 2010. En plus de la victoire, le sélectionneur brésilien a l'obligation d'y ajouter une grosse pincée de spectacle en ramenant le «joga bonito» à l'avant-scène.

Après une longue série de matchs amicaux en guise de préparation, Menezes passe actuellement son premier grand examen à l'occasion de la Copa America, disputée en Argentine jusqu'au 24 juillet. Verdict préliminaire? Avec deux matchs nuls face au Venezuela (0-0) et au Paraguay (2-2), la tendance est plutôt à l'échec, autant au classement que dans le soccer pratiqué.

Si la qualification reste fort probable en raison du format du tournoi et de la relative faiblesse de son prochain adversaire, l'Équateur, les satisfactions individuelles et collectives sont plutôt rares. Mais pendant que l'exigeante presse brésilienne parle de «honte» ou de «performance désastreuse», Menezes entrevoit une progression.

«On s'améliore. Les joueurs continent de s'adapter les uns aux autres, ils se rendent compte de ce que ça représente de porter le maillot brésilien.»

Renouveau

Entre le négativisme médiatique et le positivisme du sélectionneur se situe un chiffre qui témoigne du chantier auriverde. Seulement deux des joueurs qui ont amorcé le quart de finale perdu face aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, ont entamé le match de samedi face au Paraguay.

Aux côtés du gardien Julio Cesar et du défenseur central Lucio, Menezes a complètement modifié le portrait de sa sélection avec la notion de jeunesse comme fil conducteur. Lors du premier match de la Copa America, la moyenne d'âge de son onze partant ne dépassait pas les 25 ans.

La cure de rajeunissement s'est surtout faite aux avant-postes. Outre Pato, 21 ans, appelé à plusieurs reprises par Dunga, et en attendant l'avènement de Lucas Moura, 18 ans, l'attaquant Neymar et le meneur de jeu Ganso sont les symboles de cette nouvelle ère.

Âgés respectivement de 19 et 21 ans, les deux surdoués sont au coeur d'une longue saison à Santos, avec qui ils disputent le Championnat brésilien après avoir remporté le Championnat de São Paulo, puis la Copa Libertadores. Sans véritable pause et au centre de rumeurs de transferts depuis de longs mois, ils ont quelque peu manqué leurs débuts dans une compétition senior.

C'est surtout le cas de Neymar, jugé «suffisant» par la presse brésilienne. Le numéro 11 à l'énorme coupe mohawk a pratiquement tout raté avec un jeu trop personnel et un grand nombre de ballons perdus. C'est d'ailleurs après l'avoir vu céder sa place à Fred que le Brésil a connu un regain de vie avant d'égaliser face au Paraguay.

«Il doit apprendre à sortir des marquages, a souligné Menezes, tout en lui maintenant sa confiance. Le Paraguay l'a marqué avec trois joueurs. Il doit apprendre à lever la tête et à passer le ballon à ses coéquipiers.»

Objectif 2014

Malgré le barrage de critiques, Dunga a enlevé la dernière Copa America il y a quatre ans en défaisant l'Argentine 3 à 0. Si la victoire est inscrite dans le code génétique du soccer brésilien, l'épreuve actuelle représente davantage qu'une simple lutte pour la suprématie sud-américaine.

Il constitue le premier grand tournoi pour la nouvelle génération qui défendra les couleurs brésiliennes lors de la Coupe du monde 2014 disputée à domicile. De l'aveu même du sélectionneur, la priorité est donc de la faire arriver à maturité lors de ce grand rendez-vous. Mais cela ne signifie pas qu'un échec en Argentine sera accepté sans la moindre remise en question au pays où le soccer est une véritable religion.