Ce ne serait pas exagéré d'avancer que Christine Sinclair a grandi ballon au pied.

C'est un entraîneur ayant l'oeil pour les jeunes talents qui a initialement repéré Sinclair, alors qu'elle dribblait le ballon le long des lignes de touche au camp de soccer de son frère aîné. Elle passait le temps en tapant sur le ballon avec ses pieds minuscules. Elle avait trois ans à l'époque.

«L'entraîneur m'a appelé le lendemain et m'a demandé si Christine aimerait jouer pour son équipe de moins de sept ans, a raconté Sandra Sinclair, la mère de Christine. Je lui ai répondu qu'elle n'avait pas encore quatre ans!»

Cette journée-là a fini par lancer la carrière de la meilleure joueuse canadienne à l'heure actuelle, qui occupera le poste de capitaine de l'équipe nationale du Canada à l'occasion de la Coupe du monde de soccer féminin. Le tournoi commence dimanche en Allemagne.

Vingt-cinq ans après ses débuts, la puissante attaquante se retrouve avec un sommet canadien de 116 buts marqués en 159 sélections avec l'équipe nationale. Elle a été cinq fois finaliste au titre de joueuse de l'année FIFA.

Et ce n'est qu'une question de temps, selon l'entraîneure de la sélection canadienne Carolina Morace, avant que Sinclair ne soit considérée comme la toute meilleure joueuse au monde. Lorsque cette dernière a été déclarée joueuse de soccer de l'année au Canada pour la sixième fois d'affilée - elle a remporté cet honneur à tous les ans depuis qu'il a été créé en 2006 - Morace lui a dit que le trophée de la FIFA serait la prochaine étape.

Ce serait là un exploit de premier plan et même Sinclair a de la difficulté à y croire. Et ce, même si le compliment vient de Morace, l'une des grandes joueuses de sa génération avec l'Italie.

«J'ai de la difficulté parce qu'il s'agit d'un sport d'équipe et, personnellement, j'ai l'impression que je ne peux pas appartenir au même groupe que Birgit Prinz (de l'Allemagne) ou Marta (du Brésil) parce que notre équipe n'a pas connu autant de succès que leurs équipes nationales, a noté Sinclair. Jusqu'au moment où j'aiderai le Canada à faire quelque chose de grandiose, je ne sais pas encore si je suis d'accord avec son affirmation.»

Sinclair espère que quelque chose de grandiose surviendra ces prochaines semaines, alors qu'elle participera à son troisième Mondial féminin. Les Canadiennes amorceront leur tournoi ce dimanche, à Berlin, contre les doubles championnes en titre allemandes.

Le plus bel atout de Sinclair, selon Morace, est son attitude. Pour elle, la victoire vient avant tout.

«Elle est une championne dans sa tête, a déclaré Morace. Elle a l'attitude d'une championne. C'est facile de travailler avec une joueuse comme elle parce qu'elle veut. Elle veut être meilleure.»

Il s'agit d'une attitude, a indiqué Sandra Sinclair, que sa fille a perfectionné en pourchassant pendant des années son frère aîné Michael autour d'un terrain. Elle cherchait constamment à être meilleure ou, du moins, aussi bonne que son frère.

«Elle cherchait toujours à suivre son frère et ses amis. Elle jouait au football avec les gars, au soccer avec les gars, au baseball avec les gars... et des gars qui avaient trois ans de plus qu'elle», a raconté Sandra.

«En tant que mère, tu essaies de ne pas trop te vanter, mais elle est tout simplement une athlète naturelle. Elle est excellente en natation. Elle fait du ski nautique, elle joue au golf et elle a joué au basket-ball. Mais elle a choisi le soccer et j'en suis très heureuse.»