Fructueuse à bien des égards, la saison 2010-2011 s'est achevée sur un constat amer pour Alex Ferguson samedi à Wembley: un gouffre sépare Manchester United du FC Barcelone et d'un quatrième titre en Ligue des champions.

Face à l'éloquence des chiffres - douze tirs cadrés à un pour le Barça, 68% de possession du ballon à 32%, 776 passes à 357 - l'Écossais n'a pas cherché à minimiser l'ampleur de la défaite (3-1) et par conséquent de la tâche qui l'attend pour essayer de refaire une partie du terrain perdu.

«Personne ne nous avait jamais mis une raclée pareille», a admis Sir Alex, aux commandes de MU depuis vingt-cinq ans. «Il faut nous améliorer, construire l'équipe. Ce ne sera pas facile, mais nous ne devons pas avoir peur car nous avons déjà de bons joueurs et nous en ferons venir d'autres cet été», a-t-il dit.

Vu la supériorité affichée par Barcelone, c'est dans toutes les lignes que Ferguson devra apporter des retouches.

Le principal effort ne devrait pas porter sur l'attaque, où Rooney et Hernandez, même s'ils n'égalent ni l'un ni l'autre le génial Messi, sont jeunes et talentueux.

En défense, Ferguson peut difficilement trouver mieux que l'axe Vidic-Ferdinand. Sur les côtés, les jumeaux brésiliens Fabio et Rafael sont prometteurs et Patrice Evra a toujours bénéficié de la confiance de l'entraîneur, même s'il a passé une soirée cauchemardesque samedi.

Dans les buts, l'Espagnol de l'Atletico Madrid David De Gea semble sur le point de venir remplacer Edwin Van der Sar, parti à la retraite à 40 ans.

Le chantier du milieu

Le grand chantier sera donc celui du milieu de terrain.

Ryan Giggs a signé un nouveau contrat d'un an et Paul Scholes hésite encore à faire de même, mais à 37 et 36 ans ces deux légendes ne sauraient supporter l'essentiel de la charge d'une saison complète.

Michael Carrick et le Sud-Coréen Park Ji-Sung, très à l'aise en Premier League, comme l'Equatorien Antonio Valencia, ont été surclassés par Xavi et Iniesta dans l'entrejeu.

Sir Alex dispose d'une vaste palette, avec sur le banc des joueurs très estimables comme Nani, Anderson, Fletcher ou Scholes, ce qui a fait sa force en Championnat face aux moyens numériquement plus réduits de Chelsea, mais il n'a pas les cadors qui pourraient rivaliser avec le meilleur duo du monde.

La presse parle du Néerlandais Wesley Sneijder (Inter Milan), de l'Anglais Ashley Young (Aston Villa), voire du Gallois Gareth Bale (Tottenham). Reste à savoir de quels moyens financiers disposera Ferguson cet été alors que le club reste plombé par une gigantesque dette, évaluée à 700 millions de livres (environ 800 millions d'euros).

Un sérieux investissement sera pourtant nécessaire, non seulement pour aller défier Barcelone avec quelque crédibilité, mais pour contrer une menace intérieure qui devrait se renforcer.

Les «Red Devils» ont certes remporté avec une relative facilité leur dix-neuvième titre national, le quatrième en cinq ans, mais Roman Abramovich et le cheikh Mansour seraient sur le point de lancer une nouvelle offensive sur le marché des transferts pour ramener Chelsea et Manchester City au niveau.

À 69 ans, Ferguson en a vu d'autres et n'a pas l'intention de se laisser abattre. «Cet échec pourrait être un tremplin, comme lorsque nous avions perdu 4 à 0 au Camp Nou il y a quelques années», s'est-il souvenu, faisant allusion à un match de Coupe d'Europe datant de 1994.