Le sélectionneur de l'équipe nationale, Laurent Blanc, devrait finalement sortir indemne de «l'affaire des quotas» qui secoue depuis deux semaines le milieu du soccer français.

La ministre des Sports, Chantal Jouanno, a indiqué hier, en révélant les conclusions de l'enquête menée à sa demande, qu'il «n'y a pas lieu de saisir la justice» pour incitation à la discrimination relativement au contenu d'une rencontre controversée survenue en novembre.

La possibilité de limiter le nombre de joueurs disposant de la double nationalité dans les centres de sélection français avait été abordée par plusieurs hauts dirigeants à cette occasion. Laurent Blanc avait notamment déclaré, selon le verbatim rendu public par le site Mediapart, qu'il trouvait «très dérangeant» que des joueurs sélectionnés pour représenter la France décident finalement de jouer plutôt pour une équipe nationale «nord-africaine ou africaine».

Selon la ministre responsable, rien ne permet d'affirmer que l'entraîneur «cautionne des orientations discriminatoires».

«Laurent Blanc assistait à ce type de réunion pour la première fois. Il n'en était ni l'organisateur ni le pilote. Les auditions montrent qu'il découvre le débat et qu'il n'avait aucun projet ni avis arrêté», a-t-elle indiqué hier en conférence de presse.

«Il y a eu des sous-entendus à la limite de la dérive raciste, mais il n'y a pas eu de projet d'instauration de quotas», a ajouté la politicienne, qui laisse à la Fédération française de football (FFF) la responsabilité de sanctionner les «difficultés managériales» relevées.

Le directeur national technique, François Blaquart, qui avait été suspendu en attendant le dénouement des enquêtes en cours, semble devoir écoper de l'affaire. Il avait parlé explicitement lors de la rencontre de la possibilité d'un quota.

Les enquêteurs de la FFF n'ont pas non plus trouvé de preuve «que la mise en place d'un tel système ait dépassé le stade de la simple réflexion». Ils n'en ont pas moins conclu, à l'issue de leurs propres recherches, que des propos «discriminatoires» ont été tenus puisqu'il était question d'établir des quotas prenant en compte «l'origine des joueurs».

Laurent Blanc avait déjà fait savoir en conférence de presse qu'il regrettait que ses déclarations, prises hors contexte, aient pu «prêter à équivoque». Il a assuré qu'il n'avait jamais été question de restreindre le nombre «de Noirs et d'Arabes dans le football» français comme le relevait Mediapart.

Les révélations du site ont mené à une véritable tempête médiatique portant sur le racisme dans le soccer français et au-delà, dans un contexte social rendu délétère par la montée de l'extrême droite.

Le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a déclaré que l'entraîneur était injustement harcelé par des militants «antiracistes». Il lui a suggéré il y a quelques jours de changer son nom à «Laurent Noir» pour «résoudre la difficulté».