La ministre française des Sports Chantal Jouanno et l'enquête interne de la Fédération française de football ont balayé les accusations de discrimination et de quotas et ont dédouané Laurent Blanc, mais la FFF devra trancher pour certains de ses membres jeudi en conseil fédéral.

Mme Jouanno, première à prendre la parole mardi matin devant la presse à Paris, a affirmé qu'il n'y avait «pas lieu de saisir la justice», d'après les conclusions de la mission menée par des inspecteurs du ministère des Sports. Ce rapport complet sera rendu public dans cinq à six semaines.

Même discours dans la bouche de Patrick Braouezec, membre de la commission d'enquête interne de la FFF, mardi après-midi au siège de la fédération: rien «ne peut démontrer une politique de quota».

Pour la ministre des Sports, rien non plus ne permet de dire que le sélectionneur Laurent Blanc «cautionnerait des orientations discriminatoires». «Il s'efforce de remettre les valeurs au coeur du jeu», a-t-elle même ajouté.

Le sélectionneur était «en colère contre lui-même de s'être laissé déborder» lors de la réunion du 8 novembre à l'origine de l'affaire des quotas, a seulement confié M. Braouezec.

Le site d'information en ligne Mediapart avait rapporté des propos tenus par le sélectionneur lors de cette réunion, notamment cette phrase: «Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les Blacks».

Blanc au JT vendredi

Le sélectionneur s'exprimera vendredi dans le journal télévisé de 20h sur la chaîne privée TF1, a d'ailleurs indiqué à l'AFP mardi le chef de presse des Bleus Philippe Tournon.

La ministre a par ailleurs estimé que le Conseil fédéral extraordinaire de jeudi aurait à «décider de la poursuite ou non de la mission» du directeur technique national François Blaquart.

Le DTN, suspendu le temps des enquêtes, est visé en raison de sa phrase rapportée dans le verbatim de Mediapart: «On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota».

«Aucun document ne peut laisser penser qu'une philosophie raciste ou discriminatoire est entretenue à la FFF, mais les paroles du DTN sont regrettables. Il se devait de conduire les débats avec exemplarité», a souligné Mme Jouanno.

La ministre a aussi annoncé qu'un «rappel à la règle» était envisagé pour Mohamed Belkacemi, le conseiller technique national pour le football des quartiers qui a reconnu avoir enregistré la réunion du 8 novembre à la DTN, puis l'avoir transmis à André Prévosto, directeur général adjoint de la FFF qui n'en a rien fait.

«La poursuite de la mission de M. Belkacemi à la DTN semble délicate mais je souhaite que ses compétences soient conservées au sein de la FFF», a encore commenté Mme Jouanno.

Plus généralement, Mme Jouanno a estimé qu'elle n'était «pas là pour faire tomber des têtes à tout prix». «L'essentiel des têtes appartiennent à la FFF», a-t-elle dit.

M. Braouezec a pointé, lui, «une faute» de M. Prévosto. Noël Le Graët, vice-président de la FFF, pourrait ainsi réclamer jeudi devant le Conseil fédéral la démission de M. Prévosto, proche du président actuel Fernand Duchaussoy, avait indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

Tout cela sur fond d'élections à la FFF le 18 juin, entre deux candidats attendus, MM. Le Graët et Duchaussoy.