Pour la première fois dans l'histoire du football italien, un étranger, l'Américain Thomas DiBenedetto, est devenu propriétaire d'un club, et d'un «grand», l'AS Rome, ce qui suscite autant d'espoirs de succès que de doutes face aux exemples mitigés ailleurs en Europe.

Après plusieurs tentatives, la banque Unicredit a fini par trouver un partenaire, mais elle n'a pas réussi à vendre entièrement le club, puisqu'elle participe à hauteur de 40% à la nouvelle entité qui a acheté samedi 67% de la Roma.

La nouvelle société a payé 70,3 millions d'euros (environ 97,3 millions de dollars canadiens), selon un communiqué d'Unicredit, pour acheter un «package» contenant Roma2000, qui détient 67% de l'AS Roma, et les sociétés chargées l'une de la gestion du centre d'entraînement de Trigoria, l'autre du marketing, la pierre de touche du projet de «l'Oncle Tom», qui veut exploiter «à l'américaine» la marque Roma.

Ses 67% à eux seuls coûtent 60,3 M EUR (environ 83,4 millions de dollars). Le consortium dirigé par DiBenedetto a donc versé 42,2 M EUR (environ 58,4 millions de dollars), Unicredit ne faisant que se rembourser auprès de la famille Sensi, l'ancienne propriétaire des 67% du club, qui était endettée auprès de la banque.

«L'Oncle Tom» s'est engagé à une recapitalisation immédiate de 45 M EUR (environ 62,3 millions de dollars), une autre de 50 M EUR (environ 69,2 millions de dollars) suivra. Unicredit va elle financer la prochaine campagne de transferts pour 40 M EUR (environ 55,4 millions de dollars).

Enfin d'ici un mois une troisième entité, sans doute romaine, devrait entrer elle aussi au capital du club.

Spalletti: «Bien pour le football italien»

Les très nombreux tifosi de la Roma sont partagés entre l'espoir de devenir un vrai grand club (la Louve n'a que trois titres de champion d'Italie et une Coupe des villes de foire) et la crainte des exemples peu convaincants ailleurs en Europe, où la greffe américaine n'a pas pris.

L'arrivée en 2007 à Liverpool des Américains George Gillett et Tom Hicks a précipité le déclin sportif du club, et les deux ex-propriétaires, qui ont revendu les «Reds» en 2010, demandent désormais un milliard d'euros de dommages et intérêts pour escroquerie!

En France, Colony Capital veut déjà revendre le Paris Saint-Germain, qu'il avait acheté en 2006, et le fond d'investissement n'a pas fait progresser le club ni attiré de grands joueurs.

Manchester United, propriété de la famille Glazer, est endetté pour plus de 800 M EUR (environ 1,1 milliards de dollars), mais la Roma se contenterait du tiers des succès sportifs des Red Devils...

Mais Luciano Spalletti, ancien entraîneur de la Louve, champion de Russie 2010 avec le Zenit Saint-Pétersbourg, voit l'arrivée de DiBenedetto d'un bon oeil. «Un propriétaire étranger ferait du bien au football italien, mais il faut qu'il ait du pouvoir économique, dit la technicien italien. La Roma mérite un patron comme ceux de Chelsea (le milliardaire russe Roman Abramovitch), le Zenit (le groupe industriel Gazprom) ou Manchester City (le cheikh venu d'Abou Dhabi, Mansour bin Zayed Al Nahyan)».

Pour l'instant, les supporters sont alléchés par les pages «transferts» des journaux, qui évoquent les arrivées de Carlo Ancelotti (Chelsea) sur le banc ou de Javier Mascherano (FC Barcelone) au milieu de terrain. «Les tifosi peuvent commencer à rêver», a prophétisé le maire de Rome, Gianni Alemanno.