Après cinq mois passés à la tête des Bleus, Laurent Blanc dresse un premier bilan satisfaisant d'une équipe de France de football en reconstruction. Sans toutefois se bercer d'illusions.

«Ce qui me fait plaisir, c'est que beaucoup de gens me disent qu'ils ont repris goût à regarder jouer l'équipe de France», indique Blanc dans une interview accordée vendredi au journal L'Équipe.

«Pourquoi ne pas dire clairement que nous ne sommes pas dans les 10 premiers? On n'est pas dans les meilleurs, c'est tout. Le problème c'est que l'exigence avant une grande compétition reste toujours la même: on veut gagner. Mais on ne se pose pas la question: avons-nous les moyens de gagner? La réponse aujourd'hui, c'est non», ajoute-t-il.

Le successeur de Raymond Domenech à la tête des Bleus reste sur quatre victoires après avoir enregistré deux défaites initiales.

«L'objectif, c'est la qualification pour l'Euro 2012», rappelle Blanc, devenu sélectionneur après le fiasco de l'équipe nationale, éliminée au premier tour du Mondial sud-africain de juin dernier.

Il n'entend pas condamner les meneurs de la grève de l'entraînement de Knysna, mais ne se prononce pas sur un possible retour dans le groupe de Franck Ribéry et Patrice Évra, les plus lourdement suspendus pour leur implication dans la rébellion sud-africaine.

«Évra joue à Manchester, il est bon. Mais on ne va pas jouer non plus avec trois arrières gauches», indique Blanc. Concernant le cas du meneur de jeu du Bayern de Munich, il n'exclut aucune hypothèse. «À un moment en 2011, je vais me poser la question de savoir qui est le meilleur dans son secteur de jeu. Je peux penser que Ribéry va postuler.

«Est-ce que ce sont des mecs vraiment pourris? D'accord, il y a un truc pas bien qui s'est passé, analyse Blanc à propos des grévistes sud-africains. Ce qui m'intéresse c'est la performance et l'état d'esprit. Dans ma manière de fonctionner, je ne peux pas me permettre d'avoir deux ou trois brebis galeuses (...). J'ose espérer qu'un entraîneur avec un personnel qui met des choses en place avec un certain état d'esprit peut faire évoluer les choses. Si ce n'est pas le cas, je ne mettrai pas en danger la vie du groupe par rapport à un, deux ou trois individus.»

Blanc estime que Samir Nasri, le meneur de jeu d'Arsenal, tout feu, tout flamme avec le club de Premier League, est le meilleur Français du moment.

«Dans la forme actuelle, oui. Il est en train de mûrir. En ce moment, il est sur un nuage. Avant il jouait plus latéralement. Aujourd'hui, il va vers le but et on voit le résultat. Il peut jouer sur un côté, au-dessus, au-dessous. Je le trouve très performant sur le côté droit. Mais il est bon partout, et il n'a que 23 ans.»

Concernant Yoann Gourcuff, en difficulté avec Lyon avant d'être blessé, il affirme que l'ex-Milanais doit retrouver la confiance. «C'est un joueur qui a besoin d'avoir la confiance de tout le monde. Il lui faut les clés du camion.»

Il loue les qualités de Karim Benzema, le meilleur attaquant français actuel selon lui: «Il a un gros avantage par rapport aux autres dans son secteur: son talent (...) Les gens qui ont misé énormément sur lui savent qu'il est doué. Il n'a pas encore confirmé ce potentiel. Mais c'est une pépite.»