La décision du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, de ne pas se rendre à Zurich jeudi pour assister au vote de la Fifa qui va désigner l'organisateur du Mondial-2018 de football montre que les chances de la Russie sont réduites, estime jeudi la presse russe.

«La venue de Poutine à Zurich était attendue comme la manne céleste. Maintenant nous sommes sûr que Poutine ne va pas y aller... et que la Russie n'est plus favorite», écrit le quotidien populaire Moskovski Komsomolets à sa une.

Après avoir longtemps laissé planer le doute sur son intention ou non de se rendre à Zurich, M. Poutine, ardent promoteur de la candidature de la Russie à l'organisation du Mondial-2018, a annoncé mercredi qu'il ne s'y rendrait pas.

«Dans les conditions actuelles, je pense qu'il est mieux de s'abstenir pour donner la possibilité aux membres de la Fifa de prendre la décision tranquillement, sans pression extérieure», a expliqué M. Poutine, dénonçant une «concurrence déloyale», dans une allusion à la Grande-Bretagne.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a enfoncé le clou jeudi en mettant garde contre les «manigances et le chantage» dans le football, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères diffusé à quelques heures du vote de la Fifa.

De son côté, le quotidien Kommersant rappelle que la présence de M. Poutine au Guatemala en 2007 pour défendre la candidature de son pays aux jeux Olympiques d'hiver en 2014 avait rapporté la victoire au pays.

«Ceux qui évaluent les chances des concurrents ne peuvent pas ne pas se rappeler que le bref voyage de Poutine au Guatemala avait, d'après de nombreux analystes, influencé le choix de la Russie pour les JO de 2014» qui auront lieu à Sotchi, souligne le quotidien.

Le journal Vremia Novosteï observe qu'une importante délégation anglaise dirigée par le Premier ministre, David Cameron, accompagné notamment du prince Williams, s'est rendue à Zurich mercredi et a rencontré le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Sepp Blatter.

A en croire Moskovski Komsomolets, les bookmakers ne misent désormais plus sur la Russie devant l'Angleterre, mais sur l'Espagne associée au Portugal. Les Pays-Bas avec la Belgique sont également en lice.

Mais aux yeux de M. Lavrov, la Russie a «toutes les chances» car elle a «des arguments de poids.»

«Nous n'avons jamais organisé une compétition de football de ce niveau», a estimé le ministre, soulignant que la Russie remplissait par ailleurs tous ses engagements dans la préparation les JO de Sotchi en 2014.

Lors d'une rencontre avec M. Poutine fin 2009, M. Blatter avait estimé que la Russie avait «de bonnes chances» d'être désignée, rappelant qu'il souhaitait voir le Mondial-2018 dans un pays qui ne l'a encore jamais accueilli.