Une fois remis de sa blessure à la cheville, Wayne Rooney va devoir relever un défi inattendu pour une star de son calibre: reconquérir sa place de titulaire à Manchester United aux dépens d'un jeune de 22 ans, Javier Hernandez, en voie de devenir l'idole des Red Devils.

Arrivé cet été du Chivas Guadalajara, le Mexicain n'a pas mis longtemps à séduire les supporteurs, de plus en plus nombreux à porter des sombreros multicolores dans les travées d'Old Trafford en hommage à «Chicharito», ou «petit pois chiche», le surnom qu'il a fait imprimer sur son maillot.

En douze matches toutes compétitions confondues, l'attaquant a déjà montré toute la palette du «goleador» en faisant mouche à six reprises: deux fois du gauche, deux fois du droit et deux fois de la tête.

Souvent décisif, comme à Valence (1-0) en Ligue des Champions, il a aussi assuré le spectacle. Le premier de ses deux buts à Stoke (2-1), une frappe de l'arrière du crâne, a toutes les chances de faire partie du «best of» de la saison.

Le Mexicain apparaît désormais comme le partenaire indiscutable de Berbatov à la pointe de l'attaque. Ce sera certainement le cas mardi soir chez les Turcs de Bursaspor, à moins qu'Alex Ferguson ne préfère le préserver pour des chocs plus cruciaux, comme le derby City-United du 10 novembre.

L'entraîneur ne cache pas qu'il y aura «un problème» lorsque Rooney aura fini de soigner son entorse, dans cinq semaines aux dernières nouvelles.

«Il fait tout comme il faut»

«Nous sentions qu'il allait percer et donc ça pose un problème, mais un bon problème. Je ne suggère même pas qu'il sera laissé de côté. Il conserve sa place parce qu'il le mérite», a dit Ferguson, enchanté par son acquisition.

Vu cet été au Mondial sud-africain, Hernandez est issu d'une famille de footballeurs. Son père, «Chicharo» ou «pois chiche», et son grand-père ont eux aussi participé à la Coupe du monde, en 1954 et 1986.

Repéré en début d'année par les «scouts» de MU, il a été acheté pour la somme relativement faible de 7 millions de livres. Ses débuts prometteurs valident la politique de recrutement de jeunes talents voulue par Sir Alex.

«Il est jeune et il a envie d'apprendre. Il se plaît ici, sa famille est avec lui et il parle l'anglais. Il a de bonnes manières aussi, il fait tout comme il faut», a déclaré récemment l'entraîneur.

L'image de bon garçon dont bénéficie pour le moment Hernandez contraste fortement avec celle de Rooney, qui s'est fortement dégradée en l'espace de quelques mois, en même temps que ses performances sportives (un seul but, sur penalty, en sept mois pour MU).

Il y a d'abord eu l'affaire des infidélités conjugales, que les fans auraient sûrement oubliées rapidement. Celle du vrai faux-départ, conclu par une prolongation de contrat assortie d'une colossale augmentation - la presse anglaise a évoqué un nouveau salaire de 150 000 à plus de 200 000 livres par semaine - aura plus de mal à passer.

Car pendant que «Chicharito» se réjouissait de «sa chance de jouer pour le plus grand club du monde», son coéquipier et concurrent menaçait lui de passer à l'ennemi, chez le voisin Manchester City. Un début de trahison qu'il ne pourra se faire pardonner que par une grande quantité de buts.