Incontournable jusqu'au Mondial 2010, Michael Ballack est désormais, malgré ses 98 sélections, un joueur comme les autres aux yeux du sélectionneur Joachim Löw qui ne l'a pas retenu vendredi en équipe d'Allemagne pour le début des qualifications pour l'Euro 2012 (Groupe A).

À 33 ans, Ballack se retrouve dans une situation inédite et bien inconfortable: alors qu'il a fait de l'Euro 2012 en Pologne et Ukraine le dernier rendez-vous de sa carrière internationale, il doit trembler avant chaque publication de liste pour savoir s'il pourra reporter le maillot de la Nationalmannschaft.

Cette fois, Löw l'a prévenu par téléphone qu'il ne le retenait pas pour affronter la Belgique et l'Azerbaïdjan, les 3 et 7 septembre.

Un entretien téléphonique «franc et sincère», a assuré dans un communiqué la Fédération allemande qui a précise que Löw et Ballack étaient sur «la même longueur d'onde».

«Michael est sur la bonne voie après sa blessure et tout le monde est satisfait du processus de guérison. L'important est maintenant qu'il retrouve sa forme optimale à Leverkusen», s'est justifié le sélectionneur des vice-champions d'Europe 2008 et troisième du Mondial 2010.

Depuis sa blessure à la cheville droite qui l'a privé de la Coupe du monde en Afrique du Sud, Ballack a beaucoup perdu, que ce soit au niveau physique et au niveau du statut.

Après deux mois et demi de pause, entrecoupée d'un voyage de quelques jours en Afrique du Sud pour soutenir ses coéquipiers lors du quart de finale contre l'Argentine (4-0), l'ancien joueur du Bayern Munich et de Chelsea a repris l'entraînement début août.

Coup de vieux

Avec son nouveau club, le Bayer Leverkusen, où il avait déjà évolué entre 1999 et 2002, il a disputé un match amical, une rencontre de Bundesliga contre Dortmund (2-0) et la seconde période du barrage aller de l'Europa League contre les Ukrainiens de Simferopol (3-0).

C'est trop peu pour Löw qui attend de ses joueurs une condition physique irréprochable. Plus inquiétant pour Ballack, Sami Khedira et Bastian Schweinsteiger semblent désormais indiscutables dans le rôle de milieux récupérateurs.

Et comme Löw ne peut rappeler son ancien capitaine pour le laisser sur le banc des remplaçants, l'attente pourrait être plus longue que prévu jusqu'à la 100e sélection de Ballack.

Le débat sur le capitanat qui fait rage depuis le Mondial 2010 est une autre illustration de la perte de prestige de «Micha», longtemps seule star du football allemand qui a pris un coup de vieux depuis l'émergence des Özil, Müller et Schweinsteiger.

Philipp Lahm, capitaine en Afrique du Sud, revendique haut et fort le brassard.

Löw a beau avoir assuré à plusieurs reprises que son équipe serait plus forte avec un Ballack à son meilleur niveau, le meilleur sélectionneur allemand de l'histoire en termes de succès (39 victoires en 57 matches) peut tout se permettre, même de faire une croix sur Ballack.

«Je sais ce que vit Michael en ce moment», a assuré Torsten Frings, cadre tombé en disgrâce juste après l'Euro 2008.