Les finales font rarement des matchs intéressants. Si l'émotion est toujours au rendez-vous, le spectacle en est le principal absent. L'agressivité des Néerlandais, la cinquantaine de fautes commises et les 14 cartons récoltés dans les deux camps, résument bien cette finale décevante.

L'Espagne a pourtant décidé de ne pas modifié son approche en début de match. Elle a monopolisé le ballon lors des premières minutes, se créant même la seule occasion de la première demie sur une tête de Sergio Ramos (7e minute). Elle a également essayé de jouer plus direct que lors des matchs précédents en cherchant souvent David Villa dans la profondeur.

Si l'Allemagne avait beaucoup trop respecté l'Espagne en milieu de terrain, les Pays-Bas en sont venus à la conclusion inverse. Plutôt que de laisser jouer la Furia Roja, les Oranje ont surtout haché le rythme en misant sur l'intimidation avec une série d'interventions très musclées. Dans d'autres circonstances, Mark van Bommel et Nigel de Jong auraient été expulsés après leurs tacles sur Andres Iniesta et Xabi Alonso.

Le début de la deuxième demie a été une copie conforme avec trois cartons distribués dans les premières 20 minutes.

Habituellement, cette période du match est également propice aux changements. Vicente Del Bosque a dégainé le premier en sortant Pedro au profit de Jesus Navas. Du poste pour poste même si le Sevillan a rapidement apporté de la vitesse sur son couloir droit.

Mais la première occasion franche est venue d'une passe de Wesley Sneijder pour Arjen Robben. Prenant de vitesse la défense centrale espagnole, le numéro 10 a alors perdu son premier duel en voyant son tir repoussé par le pied de Casillas (62e).

C'est à ce moment que la finale a enfin pris son envol. Les gestes d'anti-jeu n'ont pas disparu mais les espaces se sont faits plus nombreux. Chaque équipe a alors misé sur ses individualités.

Si Xavi a été un ton en-dessous, Iniesta a régalé sur le côté gauche avec ses dribbles, ses slaloms mais aussi ses déchets dans le dernier geste. À ce chapitre, il est rejoint par Villa, Navas et même Ramos qui, libre de tout marquage, a manqué sa tête après un corner de Xavi.

Robben s'est de nouveau joint au bal des vendangeurs du but de la victoire, à la 83e. Il a en revanche une circonstance atténuante sur un ballon profondeur et une intervention très limite de Carles Puyol.

Après s'être empalé sur Casillas, le Munichois a désespérément demandé un penalty. Howard Webb est resté inflexible et aura sans doute mauvaise presse auprès des médias néerlandais.

Comme en 1994 et 2006, la finale a pris le chemin de la prolongation. Mais l'Espagne était décidée à ne pas aller plus loin.

Plus fraîche, elle a continué à dominer les débats et s'est vite procuré la meilleure occasion, à la 95e. Lancé par Iniesta, Fabregas a alors imité Robben en perdant son duel face à Maarten Stekelenburg.

Des joueurs avertis durant le match, John Heitinga est finalement celui qui a payé le plus cher son carton jaune. Il a reçu un nouvel avertissement après une faute peu évidente sur Iniesta, lors de la deuxième prolongation

Après tant de boulot abattu, le Barcelonais, l'homme du match, a conclu sa soirée de rêve en inscrivant le but décisif. Seul dans la surface, il a parfaitement contrôlé la passe de Cesc Fabregas avant de tromper Stekelenburg d'une belle reprise de volée.

Comme en huitièmes, en quarts et en demi-finales, l'Espagne s'est imposée par la plus petite des marges malgré sa domination territoriale. Elle s'offre du même coup un doublé Championnat d'Europe-Coupe du monde.