Laurent Blanc a exposé mardi les grandes lignes de son programme pour l'équipe de France, souhaitant marquer une rupture avec son prédécesseur Raymond Domenech (jeu, personnel, communication) tout en se voulant souple sur le sort des leaders discrédités par le fiasco du Mondial.

Quatre jours après l'officialisation de sa nomination à la tête des Bleus, le «Président» a pu mesurer l'attente et les espoirs que son arrivée suscite au sein d'un soccer français encore sous le choc après la désastreuse campagne sud-africaine de sa sélection.

Une centaine de journalistes, des employés ou dirigeants de la Fédération, ou les deux patrons du soccer professionnel (Frédéric Thiriez) et amateur (Fernand Duchaussoy) avaient ainsi pris place dans l'auditorium de la FFF pour écouter les premiers mots de Laurent Blanc sélectionneur.

D'emblée, l'ancien entraîneur de Bordeaux (2007-2010) est revenu sur l'épisode le plus marquant de la Coupe de monde côté français: la grève de l'entraînement, le 20 juin, et ses éventuelles conséquences.

«Je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé, a-t-il déclaré. J'ai été déçu par le bilan sportif mais j'ai été surtout indigné par certains comportements. J'intégrerai ces éléments dans mes analyses et réflexions.»

Une chose est sûre: Blanc n'est visiblement pas prêt à se montrer aussi radical que son ex-coéquipier Lilian Thuram, qui avait affirmé vendredi que Patrice Evra, capitaine des Bleus au Mondial, ne devait plus jamais porter le maillot de l'équipe de France.

«Les joueurs ont leur part de responsabilité mais ce n'est pas à moi de dire s'il y aura des sanctions, a-t-il souligné. Je ne suis pas devenu sélectionneur pour être le Père Fouettard de l'équipe de France. Mon problème, c'est de faire la meilleure équipe avec les meilleurs joueurs possibles et d'essayer de leur inculquer le meilleur état d'esprit.»

Révolution

Evra ou Ribéry et Abidal, les autres meneurs, peuvent donc théoriquement se rassurer, même si Blanc pourrait fort bien sacrifier l'un ou des membres de ce trio sur la seule foi de «sanctions sportives».

«Peut-être que des joueurs présents en Afrique du Sud ne seront pas dans ma liste (pour le premier match amical en Norvège, le 11 août), parce que ce ne seront pas les meilleurs à leur poste», a-t-il expliqué. D'ailleurs, il a avoué n'avoir encore aucune idée de l'identité de son futur capitaine. Evra appréciera.

Blanc, s'il se refuse à faire «table rase du passé» en ce qui concerne les joueurs, a en revanche bien l'intention de changer en profondeur le mode de fonctionnement de la sélection.

Certes, le patron des Bleus, qui sera assisté de son fidèle adjoint Jean-Louis Gasset, doit encore peaufiner la composition de son staff technique et médical. Mais avec les retours de Henri Emile (coordonnateur sportif) et de Philippe Tournon (chef de presse) ou le maintien d'Alain Boghossian (entraîneur adjoint), Blanc affiche clairement sa filiation avec la génération 98, celle que Domenech avait voulu écarter de l'équipe de France en 2004.

Marino Faccioli, ancien directeur général de Lyon, sera «directeur administratif» et aura donc un rôle de manageur général, à l'image de ce qui se pratique en sélection allemande avec Oliver Bierhoff.

Pour ce qui est du jeu, Blanc a dit vouloir rester fidèle à ce qu'il avait mis en place à Bordeaux, avec une équipe «qui maîtrisera le plus possible ses matches et imposera sa façon de jouer à l'adversaire». Une véritable révolution par rapport à l'ère Domenech.

Il lui faudra aussi restaurer une image délabrée et en finir avec une équipe de France «vivant en vase clos, coupée du monde extérieur». Vaste chantier.