Fernando Muslera, jeune gardien de l'Uruguay, a vécu un match fou contre le Ghana en quarts de finale du Mondial 2010: sauvé par la main de Suarez, puis par sa transversale durant la prolongation, il a ensuite arrêté deux tirs au but, un facile de Mensah et un moins évident d'Adiyiah.

Sa prestation a en tout cas valu un commentaire flatteur du président de la République uruguayenne, José Mujica, qui veut prendre ce gardien pour boucler le budget de la nation «parce qu'il sait boucher les trous!»

Ce Mondial aura été celui de toutes les émotions pour ce portier qui a fêté ses 24 ans le 16 juin, au soir d'une victoire nette (3-0) contre le pays hôte, l'Afrique du Sud, pour le deuxième match de groupe de la Celeste.

Et le quart de finale contre les «Black Stars», il n'est pas prêt de l'oublier (1-1 a.p., 4 t.a.b. à 2). En prolongation, il doit d'abord son salut à une «main de Dieu» d'un nouveau genre. Sur le penalty qui suit, c'est sa transversale qui le sauve. Alors que ses partenaires se précipitent pour l'enlacer, lui n'en rajoute pas et remercie cette barre «amie» d'un coup de gant du haut de son 1,90 m.

Puis arrive cette fameuse loterie, cette séance de tirs au but qui fait tant trembler les joueurs. Mais pas lui. Les Ghanéens auraient dû savoir que les tirs au but n'ont pas de quoi effrayer ce gardien à la mine trompeuse d'adolescent angélique.

Le 13 mai 2009, Muslera fut le héros d'une séance de tirs au but qui offrit la Coupe d'Italie à son club, la Lazio, aux dépens de la Sampdoria (1-1 a.p., 6 t.a.b à 5). Ce soir-là, il stoppa deux tirs, ceux de Cassano et Campagnaro.

«Tranquille»

Face au Ghana, il faut remarquer que Muslera, même s'il n'arrête pas les deux premiers tirs au but, part du bon côté à chaque fois et effleure même du gant le deuxième. Puis arrive Mensah, un joueur pourtant expérimenté, qui sidère la planète avec un tir au but «de poussin», sans élan, sans force, à ras terre, sur lequel Muslera n'a qu'à se coucher. Celui d'Adiyiah était un peu plus compliqué. Mais le jeune portier sud-américain se comporte en vieux taulier, fixant le regard du tireur, écartant les bras sèchement comme pour le défier, puis, surtout, faisant pivoter ses talons à droite mais attendant le dernier moment pour partir sur sa gauche et arrêter ce tir.

«Les tirs au but, ça m'a rappelé ce qui s'était passé avec la Lazio où j'en avais arrêté deux aussi, a-t-il commenté. Ca a été un des moments les plus tranquilles pour moi du match. Oui, je me suis vraiment senti tranquille quand j'ai fait ces deux parades. J'ai eu la chance de suivre mon bon instinct.»

Le calme de ce natif de Montevideo étonne pour quelqu'un qui n'a fait ses grands débuts en sélection qu'en octobre 2009 et ne compte que 11 capes. Les statistiques de la FIFA révèlent que c'est le deuxième gardien le plus sollicité (15 arrêts) derrière son homologue allemand Neuer (18 arrêts) dans ce Mondial.

Tous deux n'ont encaissé que deux buts. Et tous deux partagent une jeunesse - Neuer a aussi 24 ans - et une insouciance qui font plaisir à voir.