Pour offrir à l'Allemagne son quatrième sacre mondial et son premier titre depuis l'Euro-96, le sélectionneur Joachim Löw a tracé sa route vers l'Afrique du Sud en laissant de côté des cadres devenus encombrants au profit de jeunes au service exclusif de sa philosophie.

Malgré ses 79 sélections et le forfait de dernière minute du capitaine Michael Ballack, blessé à la cheville droite, Torsten Frings ne disputera pas sa troisième Coupe du monde.

Kevin Kuranyi, lui, a réalisé la meilleure saison de sa carrière avec ses 18 buts sous le maillot de Schalke 04, mais cela n'a pas suffi pour convaincre Löw de le rappeler deux ans après qu'il a tourné le dos à la sélection.

Exit Thomas Hitzlsperger (51 sélections) et Christoph Metzelder (47 sélections), pourtant indiscutables durant l'Euro-2008, en perdition depuis, l'un à la Lazio Rome et l'autre au Real Madrid.

«Le nombre de sélections d'un joueur ne peut être le facteur qui détermine sa participation à un tournoi comme la Coupe du monde, mais cela doit être ses qualités», explique Löw, en poste depuis juillet 2006.

Marqué par la finale de l'Euro-2008 où la Nationalmannschaft n'a jamais inquiété l'insolente et jeune Espagne (1-0), «Jogi», comme il est affectueusement surnommé en Allemagne, s'est lancé depuis dans une cure carabinée de rajeunissement.

Des 23 joueurs retenus pour le tournoi en Autriche et Suisse, onze seulement si on exclut Ballack, figuraient encore deux ans plus tard dans la liste élargie des 27 publiée début mai.

Pour redonner un nouvel élan à la révolution entamée par Jürgen Klinsmann en 2004, Löw a fait appel à des jeunes, dont sept internationaux Espoirs sacrés champions d'Europe 2009, qui ont en commun une technique largement supérieure à la moyenne allemande, à l'image d'Özil, Kroos ou Müller.

C'est encore l'un des enseignements de l'Euro-2008.

Dernier tournoi?

«Les Espagnols avaient un jeu de passes précis et tourné vers l'avant comme s'ils disputaient une partie d'échecs et même quand on les mettait sous pression, ils se tiraient des situations difficiles avec leur technique, sans entamer leur condition physique», admirait-il deux mois après la leçon espagnole de Vienne.

L'Allemagne a obtenu sans coup férir sa qualification pour sa 17e phase finale de Coupe du monde en terminant à la première place de son groupe de qualifications devant la Russie et la Finlande avec huit victoires et deux nuls.

Mais la défaite contre l'Argentine (1-0) en amical début mars a rappelé son incapacité à s'imposer contre les autres grandes nations du football mondial. Ses dernières victoires contre l'Italie et le Brésil par exemple remontent respectivement à 1995 et 1993.

Löw, 50 ans, n'en a cure: «On ne fait certes pas partie des grands favoris comme l'Espagne et le Brésil, mais on peut aussi remporter le titre».

L'ancien adjoint de Klinsmann, toujours très élégant et plutôt discret, a surpris son monde en janvier en refusant de finaliser les négociations d'un nouveau contrat de deux ans jusqu'à l'Euro-2012, pourtant bien avancées.

En cause, ses prétentions salariales selon ses détracteurs, ses relations tendues avec Matthias Sammer, le directeur technique à qui l'on prête l'ambition de lui succéder selon son entourage.

Du coup, Löw n'exclut pas que le tournoi sud-africain soit son dernier rendez-vous avec la Nationalmannschaft.