L'optimisme de l'Angleterre avant le Mondial-2010 est tempéré par quelques nuages venus assombrir l'horizon.

Au moment du tirage des groupes fin 2009, Harry Redknapp, l'entraîneur de Tottenham, en était certain: «L'Angleterre sera championne du monde». «EASY», titrait en grosses lettres rouges le quotidien populaire The Sun en bâtissant un acronyme avec les premières lettres des membres du groupe C («England, Algeria, Slovenia, Yankees»).

Ni Redknapp ni le tabloïd ne sont aussi définitifs moins d'un mois avant le début de la compétition.

Des organismes éprouvés

«Mon seul espoir, c'est que nous attaquions le Mondial dans le même état physique qu'au début de la saison. Il va falloir se remettre. On joue plus en Angleterre que partout ailleurs. J'espère que cela n'a pas épuisé mes joueurs mentalement et physiquement».

La première préoccupation du sélectionneur Fabio Capello lors du stage de préparation en altitude en Autriche sera de rendre une condition physique optimale à ses joueurs. Ce sera notamment le cas pour le buteur Wayne Rooney, dont les multiples pépins physiques en fin de saison ont trahi un réel épuisement.

Il faudra aussi remettre sur pied le défenseur Rio Ferdinand, que des problèmes chroniques au dos ont empêché d'enchaîner les matches.

Pas de profondeur

«Je dois faire avec ce que j'ai. Il n'y a que 50 Anglais qui jouent régulièrement chaque semaine en Premier League. C'est mon réservoir».

A son arrivée, Capello avait identifié un des handicaps majeurs de l'Angleterre. Dotée de joueurs brillants, elle ne dispose pas de solutions de remplacement en cas de pépin, à l'inverse du Brésil et de l'Espagne. La blessure du milieu défensif Gareth Barry, incertain, l'illustre: aucune solution de rechange ne tombe sous le coup de l'évidence. Sa doublure, Michael Carrick, a effectué une saison décevante. James Milner manque d'expérience. Recentrer Steven Gerrard déplacerait le problème sur le flanc gauche.

Des gardiens peu rassurants

«Je ne sais pas si je serai le N.1. M. Capello n'a rien dit».

David James, qui aura 40 ans en août, est capable d'exploits, mais se rend régulièrement coupable de «bourdes» qui lui ont valu son surnom de «Calamity James». Aussi, Fabio Capello hésite sur ce poste capital, non parce qu'il y a abondance de qualité, mais parce qu'il doit arbitrer entre des faiblesses.

Si West Ham a autant souffert pour se maintenir, il le doit en partie à Robert Green et à ses sorties burlesques. Joe Hart est le gardien des Espoirs et sans doute de l'avenir. Mais il n'a jamais disputé de match international.

Quand on n'est pas le Brésil 1970, dont la supériorité compensait la faiblesse de Félix, il est difficile de rêver de sacre sans grand gardien.

Le recul européen

«Il est toujours préférable de disposer de joueurs qui ont gagné plutôt que de joueurs malheureux parce que cela ne s'est pas bien passé en Championnat ou en Ligue des Champions».

L'échec des clubs anglais à se hisser en demi-finale de Ligue des champions, inédit depuis 2003, ne réjouit pas Capello, selon qui «aucune» des grosses équipes anglaises «n'est restée aussi forte» cette saison. L'incapacité d'un club à dominer le Championnat plaide en faveur de la thèse de l'Italien. Tottenham, 4e de Premier League, est avec six joueurs la formation la plus représentée dans son groupe de 30 joueurs. Chez les Espagnols, c'est Barcelone... Les Catalans présentent un tout autre pedigree que les Spurs.