Nwankwo Kanu est plus une institution qu'un footballeur désormais, mais il a gardé une autorité de vieux sage expérimenté sur le groupe du Nigeria, et peut rentrer en cours de partie pour faire la différence sur un geste.

«Kanu? C'est une sorte de légende vivante», dit Lars Lagerbäck, le sélectionneur suédois du Nigeria, qui l'a retenu dans la liste des 30. Mais si Kanu, 33 ans, ne peut plus tenir 90 minutes de niveau mondial tous les trois jours, il peut toujours entrer pour les fins de matches, façon Roger Milla de 1990, et son expérience et son autorité sont irremplaçables.

Dans un groupe sans grande star, majoritairement formé de joueurs luttant pour une place de titulaire en Europe, le palmarès et l'habitude des grandes compétitions du grand (1,97 m) Kanu peuvent faire du bien. Pour la dernière fois, car il a annoncé que ce serait son dernier Mondial.

«Je suis toujours un leader dans cette équipe, et quand je suis sur le terrain, j'essaie de montrer toutes mes qualités et ce qui fait de moi un leader», explique-t-il.

«En match, j'essaie toujours d'apporter ma contribution, indépendamment des consignes de l'entraîneur, ajoute-t-il. Je vois beaucoup de choses sur un terrain, je suis là depuis longtemps et je connais le football.»

«Je fais beaucoup de choses»

Sa carrière parle pour lui. Champion olympique 1996, annoncé perdu pour le foot en raison d'un problème cardiaque, membre de la grande équipe d'Arsenal de 1998 à 2004, Kanu est aussi ambassadeur de l'Unicef. Ses coups d'éclat au début de sa carrière sont entrés dans la mémoire collective nigériane et n'en sont plus sortis.

Vienne 24 mai 1995, finale de la Ligue des champions entre l'AC Milan et l'AJax Amsterdam. Un grand gamin dégingandé de 18 ans, moustache d'ado et cannes interminables, déboule sur son côté droit, déborde et centre pour un autre gamin entré en jeu, Patrick Kluivert. Ils viennent d'abattre le grand AC Milan, et d'entrer dans la petite histoire du football.

Athènes (Etats-Unis) 31 juillet 1996, demi-finale du tournoi olympique. Le Brésil mène (3-2) mais dans le temps additionnel le capitaine du Nigeria, Kanu, égalise, puis envoie son équipe en finale sur un but en or quelques minutes plus tard.

A son énorme palmarès figure même un titre de champion du Nigeria (1993), conquis alors qu'il avait 16 ans avec le club d'Owerri, la capitale de l'éthnie Ibos: Iwuanyanwu Nationale (aujourd'hui Heartland FC).

Ces faits de gloire appartiennent au passé. Kanu finit sa carrière en roue libre. Il a par exemple peu joué lors de sa dernière saison à Portsmouth, dernier du Championnat d'Angleterre. Il joue aussi un rôle de conseiller des plus jeunes au sein des Super Eagles et reste un des relais des joueurs avec les dirigeants, pour négocier les primes et gérer la vie de groupe.

«Dans cette équipe, je fais beaucoup de choses. J'essaie de soutenir chaque joueur et d'être sûr qu'ils se sentent bien. J'ai beaucoup apporté à l'équipe nationale depuis 16 ans, conclut-il. Depuis que je suis capitaine, vous n'avez pas entendu dire que nous nous querellions pour ceci ou cela. J'essaie de maintenir le cap».