L'Inter Milan, au gré d'une inusable résistance, s'est qualifié mercredi pour sa première finale de Ligue des champions depuis 1974 au bout du suspense et d'une pression portée à son comble par le FC Barcelone, vainqueur 1-0 de la demi-finale retour.

Sa victoire 3-1 à Milan à l'aller aura donc permis à l'Inter de faire le grand saut. Il s'était arrogé le droit de perdre de peu au Camp Nou. Car le but de Piqué, qui tel un avant-centre mettait Lucio et Julio Cesar dans le vent, avait ranimé le flamme barcelonaise (84e), mais elle a fini par tomber dans le gouffre des deux buts d'écarts de San Siro. Le champion d'Europe en titre ne sera pas le premier à se succéder à lui-même depuis l'AC Milan 1989-1990.

Alors bien sûr, le Barça a encore eu la mainmise sur le match, le jeu, le ballon, tout ce qu'on voudra. Une possession de balle de 75%! Mais la défense intériste résistait encore et toujours.

Cambiasso-Thiago Motta en premier rideau, Samuel-Lucio en second, outre les milieux latéraux Eto'o et Chivu assistant leurs arrières latéraux Zanetti et Maicon: seuls Sneijder et D. Milito s'autorisaient, parfois, à franchir la ligne médiane! Et Eto'o a même joué arrière gauche les trois quarts du match!



Tension


Alors bien sûr, l'exclusion de Thiago Motta dès la 28e minute, pour une main s'égarant sur le cou de Busquets, allait accroître la pression barcelonaise. Mais Ibrahimovic demeurait inhibé, entre mauvais choix et bêtes pertes de balle. Messi? Quoique plus entreprenant qu'à l'aller, il n'en était pas pour autant plus efficace.

Sa frappe enroulée, concluant un petit show très «messique», était détournée par Julio Cesar en corner (32e). Après un relais avec «Ibra», il était déséquilibré par Chivu en pleine surface, sans que l'arbitre ne bronche (60e). Et son centre précis trouvait la tête de Bojan, qui manquait le cadre (82e).

Alors Pedro peut-être? Deux frappes non cadrées (3e, 23e). Et la lumière des passes était éteinte chez Xavi. Henry, lui, n'est même pas entré en jeu.

Et le temps qui s'égrène. Avec cette impression que ce match peut durer 900 minutes et que l'étanchéité milanaise ne cèderait pas plus d'une fois aux tentatives d'infiltrations du Barça. D'ailleurs, le tableau d'affichage du stade est tombé en panne dès la deuxième minute de jeu, comme pour inviter les Catalans à ne pas s'énerver devant ce temps qui passe.

De la tension, il y en avait. Une question d'enjeu, mais épicé par quelques déclarations. Avec lundi une première pique signée Piqué, qui souhaitait «qu'au moment où les joueurs de l'Inter Milan entrent sur la pelouse, ils se mettent à haïr leur profession de footballeur pendant 90 minutes».

«Psychologue de pacotille»

Et la couche rajoutée mardi par Jose Mourinho, opposant le noble «rêve» de son Inter à la basse «obsession» barcelonaise d'atteindre, plus que la finale, le stade Santiago-Bernabeu de son rival du Real Madrid. Avant que le président du Barça, Joan Laporta, ne le qualifie de «psychologue de pacotille».

Dans ce match où il fallait s'attendre à tout, les entraîneurs jouèrent à la surprise dès le coup d'envoi. Même quelques minutes avant pour Mourinho, qui envoyait ostensiblement Chivu faire des longueurs de terrain, alors qu'il venait d'inscrire Pandev sur la feuille de match...

Pep Guardiola pour sa part innovait avec une défense Piqué-Touré dans l'axe et G. Milito à gauche. Pour finir avec le pilier Piqué derrière, et tous les autres devant.

Le «rêve» de l'Inter de Jose Mourinho, de remporter une troisième C1 (après 1964 et 1965) se poursuit. «L'obsession» du Barça, selon son mot, de jouer au stade Santiago-Bernabeu s'évapore. Et c'est le Real Madrid qui respire.