«Les armes vont continuer à parler» dans l'enclave angolaise de Cabinda, a menacé dimanche Rodrigues Mingas, responsable du groupe séparatiste qui a revendiqué l'attaque mortelle contre la délégation du Togo à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2010).

«Nous sommes en guerre et tous les coups sont permis», a estimé le secrétaire général des Forces de Libération de l'Etat du Cabinda/Position Militaire (Flec-PM), dans un entretien accordé à l'AFP par téléphone depuis le Luxembourg où il se trouve en déplacement.

L'attaque de vendredi a fait au moins deux morts dans la délégation togolaise - l'entraîneur adjoint et le chargé de communication de l'équipe - qui arrivait tout juste dans l'enclave de Cabinda, où sept matches de la CAN ont été programmés.

Le militant indépendantiste, qui vit en exil en France, regrette «la mort d'êtres humains», mais renvoie la responsabilité à la Confédération africaine de football (CAF) et son président Issa Hyatou.

«Nous avons écrit, deux mois avant la CAN, à M. Issa Hyatou pour l'avertir que nous étions en guerre. Celui-ci n'a pas voulu prendre nos avertissements en considération», accuse-t-il.

«Ca va continuer parce que le pays est en guerre, parce que M. Hayatou s'entête» et a décidé de maintenir les matches au Cabinda, poursuit-il. «Les armes vont continuer à parler».

L'enclave de Cabinda, qui fournit 60% du pétrole angolais, est une bande de terre située entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville, éloignée d'une cinquantaine de kilomètres du reste de l'Angola. Elle est déchirée depuis l'indépendance en 1975 par un conflit indépendantiste.

Luanda assure depuis 2006 que la province est pacifiée en vertu d'un accord de paix signé avec un des responsables du Front de libération de l'Enclave de Cabinda (Flec), dont le Flec-PM est issu depuis une scission en 2003.

Si les responsables politiques angolais «ont voulu faire la CAN au Cabinda c'est parce qu'ils avaient un but marketing inavoué, pour faire croire à l'opinion qu'il y avait la paix au Cabinda et que les investisseurs pouvaient investir au Cabinda», analyse M. Mingas.

«Mais nous sommes en guerre et tous les coups sont permis», assène-t-il. «Nous n'avons pas visé spécifiquement les Togolais. Ca aurait pu être l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana... Tout est possible.»

Interrogé sur la réussite de l'attaque malgré la lourde présence militaire angolaise à Cabinda, le secrétaire général du Flec-PM a répondu: «nous sommes chez nous, nous connaissons bien le terrain».

Selon lui, une dizaine de militants ont conduit l'opération, dont cinq étaient restés postés en observation à distance. Ils ont ouvert le feu à l'arrivée du convoi, mais «il y a eu une contre-offensive, c'est là que nos éléments se sont lâchés».

Après une vingtaine de minutes d'un feu nourri, les séparatistes se sont enfuis avec un des leurs blessé à la jambe. «Ses jours ne sont pas en danger», selon M. Mingas.

«Maintenant, on s'attend à une répression, comme toujours. Ils sont 50 000 hommes en armes à Cabinda», dit-il en défendant l'action du Flec-PM. «Nous sommes un mouvement nationaliste, de résistance, pas des terroristes».