L'ambiance était électrique vendredi au Caire à la veille d'un match décisif entre l'Egypte et l'Algérie pour la qualification au Mondial-2010, la Fifa demandant à la Fédération égyptienne de prendre «toutes les mesures de sécurité» afin que la rencontre ait lieu.

La tension est montée d'un cran jeudi soir entre les deux camps, qu'oppose une vieille rivalité, après le caillassage du bus de la sélection algérienne peu après son arrivée au Caire.

Un représentant de la Fédération internationale de football présent au Caire a confirmé vendredi à l'AFP que trois joueurs algériens avaient été blessés.

Il a également signalé que les présidents égyptien Hosni Moubarak et algérien Abdelaziz Bouteflika s'étaient entretenus de la situation.

«Nous avons constaté que trois joueurs avaient été blessés: Kaled Lemmouchia au cuir chevelu, Rafik Halliche au-dessus de l'oeil, à l'arcade sourcilière, et Rafik Saïfi au bras. L'entraîneur des gardiens a été commotionné», a détaillé Walter Gagg, chargé de rédiger le rapport officiel sur les incidents.

«Terrorisés»

«Les joueurs (...) étaient terrorisés», a ajouté M. Gagg, qui a constaté que le bus de l'équipe algérienne était «en très mauvais état, avec des vitres cassées, sur le plancher des bris de verre et des taches de sang».

«On ne peut pas parler de blessés superficiels», a-t-il encore estimé. «Avec les points du suture, il faut voir si ces (trois) joueurs peuvent jouer de la tête. Le médecin de l'équipe nationale doit encore se prononcer».

Signe de la méfiance ambiante, les journaux égyptiens ont accusé les Algériens d'avoir mis l'attaque en scène. «Certains joueurs (algériens) ont commencé à détruire les vitres du véhicule en prétendant avoir été la cible de jets de pierres», a affirmé Al-Ahram (gouvernemental). Al-Chourouq (indépendant) a parlé d'une «crise montée de toutes pièces».

A Alger, le quotidien El-Watan a qualifié l'incident «de guet-apens», tout en ajoutant que, «malgré l'hostilité égyptienne», «les Verts ne cèderont pas».

La Fifa a demandé à la Fédération égyptienne que «toutes les mesures de sécurité soient prises» pour que le match puisse avoir lieu sans incident.

«La Fédération algérienne nous a demandé qu'à chaque déplacement de son équipe, il y ait une délégation de la Fifa, ce que nous lui avons accordé, a précisé Walter Gagg.

Rivalité houleuse

Les autorités égyptiennes ont prévu de déployer plusieurs milliers de policiers anti-émeutes aux abords du stade et des policiers en civil parmi le public, a affirmé à l'AFP un responsable des services de sécurité. Quelque 70.000 spectateurs sont attendus, avec 2000 places réservées aux Algériens.

L'Algérie n'a plus participé à une coupe du monde depuis 1986, l'Egypte depuis 1990. La rivalité souvent houleuse entre ces deux pays phares du football africain et arabe n'est pas nouvelle. En 1989, un match de qualification avait dégénéré en émeutes.

Ces dernières semaines, la tension n'a cessé de monter entre les supporteurs par médias interposés et sur internet, au point que les autorités des deux pays ont multiplié les appels au calme.

Jeudi soir, le «roi du raï», l'Algérien Cheb Khaled, et la star de la chanson égyptienne Mohammed Mounir se sont produits devant des dizaines de milliers de personnes près du Caire lors d'un concert symbolique.

La tâche s'annonce très difficile pour les Egyptiens, qui doivent gagner par trois buts d'écart pour se qualifier. S'ils l'emportent par deux buts d'écart, un match d'appui aura lieu au Soudan. L'Algérie sera qualifiée en cas de succès, de nul ou de défaite par un but d'écart.