Les coups de pied arrêtés sont un des points forts de l'Eire et furent longtemps le défaut dans la cuirasse des Bleus: gare à la psychose samedi dans l'ambiance survoltée de Croke Park au premier corner ou coup franc irlandais.

«Les coups de pied arrêtés? C'est leur point fort: ils les tirent bien, ils montent bien, c'est leur façon de jouer, avec engagement», admet Julien Escudé, qui souligne cependant que la France n'a plus pris de but de ce type depuis un bon bout de temps.

Le dernier du genre encaissé par la France remonte au 11 octobre 2008 à Constanta en Roumanie. A la 17e minute, sur corner, le défenseur roumain Goian avait sauté plus haut que Jean-Alain Boumsong (non convoqué cette fois). A ce moment là, la Roumanie menait 2 à 0, avant de concéder le nul après les exploits du duo Ribéry-Gourcuff (2-2).

Mais le souvenir de ces buts sur phase statique reste traumatisant. Le parcours de qualification avait d'ailleurs commencé par un cauchemar en Autriche et une défaite 3 à 1 avec deux premiers buts autrichiens inscrits sur coup-franc et un penalty concédé sur un corner.

«Escabeaux»

A l'issue de ce naufrage, Raymond Domenech avait eu cette réflexion malheureuse: «Mais à part monter sur des escabeaux pour monter sur la tête des grands gabarits....»

Jeudi dernier, en dévoilant sa liste pour les barrages, le sélectionneur eut droit à une question sur la taille des joueurs retenus. «Après l'Autriche, j'avais parlé d'escabeaux et ça n'avait pas plu... Le football n'est pas qu'un problème de taille, c'est une question de technique, d'intelligence, pleins d'éléments rentrent en ligne de compte, sinon on jouerait au football avec des basketteurs», avait-il seulement répondu.

Et puis il y a évidemment une référence avec une équipe britannique qui rappelle l'Eire: cette défaite 1 à 0 sur la pelouse d'Hampden Park de Glasgow face à l'Ecosse en qualification pour l'Euro-2008, le 7 octobre 2006, avec un but de Caldwell sur corner!

Escudé pense que la France a du répondant: «Mais nous, avec Abidal (1,86 m), Gallas (1,83 m), c'est costaud quand même, il faut leur passer dessus! Sur les coups de pied arrêtés, c'est du marquage, du duel et de la concentration, suivre le ballon et l'adversaire».

«Eviter les fautes»

«Il faudra éviter les fautes et les corners: moins ils en auront à tirer, mieux ce sera pour nous, préconise encore +le Scud+. Avant les matches, il y a un listing: +Toi, t'es au marquage d'untel+, etc. Et quand ça arrive, c'est le un contre un, se dire que l'adversaire ne touchera pas le ballon».

Le 9 octobre 2004, pour sa première sélection, Alou Diarra était entré après l'heure de jeu face aux Irlandais au Stade de France en qualification de la Coupe du monde (0-0).

«On ne s'était pas focalisé sur les coups de pied arrêtés, se souvient-t-il. Mais samedi, il faudra être très concentré là dessus. Il faut les empêcher de prendre de l'élan et de se mettre en mouvement».

Les milieux récupérateurs n'apparaîssent pas bien fringants avant Croke Park. Lassana Diarra n'a rejoint les Bleus qu'à 2h00 GMT mercredi matin, après un match de Coupe du Roi avec le Real. Jérémy Toulalan est resté en soins mardi pour des adducteurs douloureux (un mal lyonnais en ce moment). Et chez leurs remplaçants, Abou Diaby soigne un mollet. Alou Diarra et ses 1,90 m est un recours possible en vue des duels aériens sur coups de pied arrêtés. «Le gabarit n'est pas le seul point à prendre en compte, même si ça peut être un avantage», s'est borné à commenter la «Sentinelle» de Bordeaux, qui s'en remettra au «choix du sélectionneur».