Barcelone et Liverpool, monuments européens qui ont chacun disputé deux finales de Ligue des champions ces cinq dernières années mais sont seulement 3e de leurs groupes respectifs, se trouvent déjà dos au mur cette saison dans l'épreuve, victimes d'une inefficacité chronique.

Barça, le tenant atone

Toujours aussi brillant en championnat, en dépit d'une légère baisse de rythme (deux nuls sur les trois derniers matches), le champion d'Europe 2009 accuse le coup sur la scène continentale: c'est là qu'il a connu son unique défaite (2-1 face à Kazan), de surcroît à domicile, outre deux nuls 0-0.

Le 0-0 chez l'Inter Milan était peut-être un signe: le nul l'était à plus d'un titre, tellement les Barcelonais s'étaient montrés frileux. Et le 0-0 en Russie mercredi est plutôt à mettre sur le compte d'un manque de réalisme, tellement ils se sont procuré d'occasions. Ce nouveau nul a surtout une fâcheuse conséquence pour les Catalans: ils se trouvent désormais devancés par le Rubin à la différence particulière...

Les malheurs du Barça s'expliquent par la méforme de son trident offensif. Le début de saison de Messi est moyen, voire anonyme, et celui de Henry perturbé par les blessures.

Quant à Ibrahimovic, s'il s'est bien adapté au jeu blaugrana en Liga (meilleur buteur avec sept réalisations), il connaît toujours les mêmes difficultés en Ligue des champions. Ses statistiques penchent vers une malchance (c'est le joueur qui a fait le plus de tirs cadrés, 11).

Voire une malédiction: le Suédois, qui n'a marqué cette saison qu'un petit but (inutile d'ailleurs, contre Kazan), en a inscrit dans sa carrière en C1 un total de 10 seulement en 45 matches. Et aucun en tour à élimination directe.

Liverpool sur la corde raide

Avec leur nul à Lyon (1-1), soit leur septième match sans victoire sur leurs huit derniers matches (six défaites, un nul), les Reds n'en finissent pas de déchanter, et leur entraîneur Rafael Benitez, au différend au long cours avec les propriétaires américains du club, marche de plus en plus seul.

Comme à l'aller face aux Lyonnais (1-2), les Reds ont laissé filer la victoire dans les dernières minutes. Mais le mal est profond dans une équipe dépendante de deux hommes, Gerrard (indisponible) et Torres (diminué). Seuls le gardien Reina et le milieu (tenu par Mascherano et Benayoun), pourtant orphelin de son capitaine, semblent à la hauteur.

L'attaque tient en un nom, Torres, perclus de maux (adducteurs). Le Kid serre les dents et reste efficace, mais demeure isolé. À Lyon, il était censément épaulé par Voronin: l'Ukrainien de 30 ans a été transparent, ratant son seul coup d'éclat (son un contre un avec Lloris). Kuyt, toujours généreux, est moins tranchant qu'avant et le jeune Ngog n'a pas encore la carrure. Reste Babel, rarement décevant mais que Benitez s'obstine à confiner sur le banc.

Et que dire de la défense? Liverpool déplore certes de nombreuses absences (Fabio Aurelio, Kelly, Johnson, Skrtel), mais la ligne défensive alignée à Lyon semblait trop juste au regard de l'enjeu. Carragher, à droite, a vécu un calvaire face à Lisandro, pris de vitesse et imprécis à la relance, et son homologue côté gauche, Insua, demeure limité. La charnière centrale Kyrgiakos-Agger a dégagé énormément de fébrilité (même si Agger souffrait du dos).

«Aujourd'hui on en a fait assez, mais pas avant, pas lors des précédentes journées de Ligue des champions», avait commenté Reina mercredi soir. De fait, les Reds furent inexistants à Florence (défaite 2-0) et n'ont battu Debrecen qu'1-0 (alors que les Hongrois encaissent au moins quatre buts par match par ailleurs).

Liverpool n'a plus son destin en main pour les 8e de finale, et se dirige vers l'Europa League. Pas sûr que Benitez entraîneur y survive.