Non, Ronaldinho n'est pas encore fini: auteur d'un but face au Real Madrid (1-1) contre qui il a montré une application constante mardi en Ligue des Champions, le Brésilien, fort de la confiance de l'entraîneur Leonardo, retrouve progressivement un niveau digne de son talent.

Un penalty transformé en force face à Casillas, des gestes inspirés, une complicité croissante avec son compatriote attaquant Pato et même, chose impensable il y a encore quelques semaines, des ballons récupérés dans sa moitié de terrain: voilà pour le bilan de «Dinho», 29 ans, qui dimanche avait déjà offert deux passes décisives à Borriello face à Parme (2-0).

Certes, le Brésilien est encore très loin de la forme qu'il affichait lors de ses fastes années au FC Barcelone, et sans doute ne la retrouvera-t-il jamais. Mais il n'est déjà plus celui qu'il était il y a quelques semaines, et cela change tout pour son équipe.

Son début de saison avait été très médiocre: avec ses kilos en trop, un manque de combativité éclatant, il semblait errer sur le terrain quand il ne prenait pas simplement place sur le banc. Il est vrai que son goût toujours aussi prononcé à profiter des plaisirs de la nuit ne s'accomode guère avec les exigences physiques du jeu.

En août, des tifosi excédés avaient même été jusqu'à lui demander de rentrer chez lui vers 1h30 du matin alors qu'il assistait à un concert dans la banlieue milanaise, arguant qu'il devait être en forme pour l'entraînement du lendemain!

Il est vrai aussi qu'au sortir d'une première saison ratée au sein du club lombard, la pression s'était accrue sur ses épaules avec le départ de Kaka. Et pour ne rien arranger, le patron Silvio Berlusconi l'avait qualifié d'«Usain Bolt du football», une comparaison aussi flatteuse qu'outrancière et difficile à assumer.

Mais l'intéressé n'a jamais perdu le moral - «il est toujours joyeux» dixit Pato-, ni, plus important, la confiance de Leonardo. «Je le juge pour ce qu'il fait sur le terrain», a souvent répété son compatriote et entraîneur.

«Toujours jouer»

Ce dernier, comprenant que le Ballon d'or 2005 ne serait jamais un joueur de «sacrifice» et de «combat», a changé de tactique au cours du mois d'octobre. En le fixant sur le côté gauche de l'attaque, il lui a accordé plus de liberté que dans l'axe, à charge pour Seedorf, Pirlo, Ambrosini et autre Gattuso de donner encore plus défensivement.

«Il doit toujours jouer. Et ce sont les autres qui doivent courir pour lui. Et si quelqu'un ne veut pas le faire, il n'a qu'à rester chez lui», juge notamment l'ancien meneur de l'AC Milan, Dejan Savicevic, interrogé par La Gazzetta dello Sport.

Cette nouvelle position a véritablement libéré le Brésilien, qui montre aujourd'hui un tout autre visage, plus sûr de lui dans ses initiatives et plus impliqué dans le collectif. «+Dinho+ se bat davantage désormais», se félicite Ambrosini.

«Par rapport à la saison passée, je joue davantage, et les choses viennent plus facilement», note plus simplement l'intéressé qui, dans un coin de sa tête, conserve l'espoir de disputer le Mondial-2010.

«Je ne pense à rien d'autre que Milan. Je pense à faire de mon mieux. Pour la sélection, nous verrons», conclut-il, conscient qu'il a encore du travail à effectuer compte tenu de l'extraordinaire richesse de l'effectif de la Seleçao.