L'Impact affronte ce soir à Vancouver ses grands ennemis, les Whitecaps, dans le premier de deux matchs de la finale USL. Le duel apparaissait presque impensable en juin. Après un quasi-naufrage en début de saison, Montréal a repris du poil de la bête. Beaucoup grâce à Marc Dos Santos, en lice pour le prix d'entraîneur de l'année.

S'il y avait des mouches, on les entendait sûrement voler dimanche dernier à Puerto Rico dans le vestiaire de l'Impact. À la mi-temps du dernier match de la demi-finale, Montréal menait par deux buts. Mais le fantôme de Santos Laguna, contre qui l'Impact s'était effondré en quart-de-finale de la Ligue des champions, devait rendre la salive plus difficile à avaler.

«Marc nous a demandé de ne pas penser au pointage, se souvient David Testo. Il a dit: trouvez une personne spéciale dans votre vie et jouez le reste du match pour elle, avec tout ce que vous avez.»

Le coach n'a pas crevé de ballon ou joué au karatéka avec les gourdes. «Je n'ai même pas sacré! Je n'en ai pas besoin», assure le petit rouquin en nous défiant de ses yeux bleus. Marc Dos Santos se targue d'exercer un autre genre de leadership. «J'ai récemment lu la bio de Tony Dungy, l'ex-coach des Colts d'Indianapolis. Il m'a confirmé qu'il ne fallait pas toujours adopter le style militaire. Il n'a pas besoin de crier à deux pouces des yeux de quelqu'un pour se faire comprendre et respecter.»

Dos Santos parle lentement mais sans hésitation, en mordant bien dans chaque mot. À 32 ans, il est plus jeune que certains de ses joueurs. Mais il ne manque pas de confiance. «Ça vient de mon parcours, explique-t-il. J'ai déjà beaucoup vécu. À 9 ans, j'ai quitté le Canada pour retourner avec ma famille au Portugal. J'ai aussi habité et travaillé en Afrique. Devenir un leader, ça ne s'apprend pas dans un cours. Ça vient d'ailleurs.»

Le polyglotte (il apprend une cinquième langue, l'italien, pour mieux communiquer avec ses joueurs) dit s'inspirer beaucoup de discours de présidents américains et de ses nombreuses lectures. Heureusement, il ne semble pas trop se gaver de bouquins de psycho-pop et de gestion humaniste.

«Écoute, je peux être chien aussi. Je suis baveux. Ce qui n'est pas vraiment gentil, je le dis devant tout le monde. Mais je reste toujours direct et honnête.»

Il l'est aussi avec les arbitres, ce qui lui a valu une expulsion et une suspension cette année. Et il l'est également avec les journalistes. Pendant que des collègues essaient de démêler la syntaxe de Jacques Martin, les scribes du soccer se délectent des perles de Dos Santos.

Ses mots sont comme des petits canifs qu'il manie drôlement et parfois un peu gauchement. Parmi ses meilleures déclarations: «Il y a beaucoup de déchets techniques dans la USL/L'adversaire n'est pas un imbécile/J'ai l'impression que si c'était un joueur de l'autre équipe, lui, il l'aurait mis dedans.» Sans compter une récente allusion aux problèmes conjugaux de l'arbitre pour expliquer son expulsion.

Sommet de la vague

Quelques heures après notre interview au Stade Saputo, l'équipe devait s'envoler pour Vancouver. Le voyage apparaissait plus qu'improbable au printemps.

Après le cauchemar du Santos Laguna, les déboires se poursuivaient. Dos Santos remplaçait John Limniatis, mais l'Impact continuait d'encaisser des buts dans les dernières minutes de jeu. Et le vestiaire restait divisé, de l'aveu du directeur technique Nick de Santis. Sandro Grande avait même étranglé son capitaine Mauro Biello en plein match.

Quelques joueurs ont été libérés, un nouveau système de jeu à deux attaquants a été implanté. Le vent a lentement tourné.

«Je crois beaucoup à la loi du semeur, explique Dos Santos. Quand tu sèmes, tu finis par récolter. Ça peut prendre deux mois ou deux ans, mais ça doit arriver.»

La principale graine qu'il a semée, c'est l'idée de la victoire, croit l'attaquant Rocco Placentino. «Cet été, Marc a collé une photo de la coupe dans le vestiaire. Il a dit: c'est ce qu'on va lever cet automne. Chaque fois que j'entre, je vois la photo. Elle est encore là et je vais la regarder tantôt avant de prendre l'avion!»

Ce soir à Vancouver, Dos Santos sait ce qu'il dira avant le match. «J'ai relu le speech 400 fois, je pense. On est absolument prêts.

...................

L'Impact a remporté trois des cinq affrontements entre les deux équipes cette année. Premier match ce soir à 21h30 à Vancouver. Diffusé à partir de 22h30 à Radio-Canada. Deuxième match au Stade Saputo, le samedi 17 octobre à 14h30. Suivez l'Impact sur le blogue de Pascal Milano.