L'Argentine, sonnée par quatre revers qui ont compromis sa qualification pour le Mondial 2010, se retrouve sans direction après le départ précipité de son sélectionneur Diego Maradona en Europe et le refus de son numéro deux, Carlos Bilardo, de prendre les rênes en son absence.

«Qui dirige la sélection?», titrait mardi Clarin, le quotidien argentin le plus vendu. «Sans Maradona, Bilardo commence à préparer les prochains pas», écrivait l'autre grand journal, La Nacion.

L'ancien numéro 10 de légende, installé pour une ou deux semaines dans le centre de soins Henri Chenot de l'hôtel Palace à Merano (nord de l'Italie), a voulu échapper à une pression croissante dans son pays, où ses détracteurs réclament ouvertement son départ.

Avant de recevoir le Pérou le 10 octobre, puis de finir sa campagne de qualifications en Uruguay le 14, l'albiceleste n'occupe que la cinquième place de la zone Amsud, synonyme de barrage contre le 4e de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes).

Maradona a déclaré forfait juste avant une réunion cruciale convoquée lundi à Buenos Aires, en présence de Carlos Bilardo, son entraîneur lorsqu'il a conduit l'Argentine à son deuxième sacre mondial en 1986, et Julio Grondona, le président de la Fédération argentine de football (AFA).



«Rien n'a changé», selon Bilardo


La réunion, destinée à imposer à Maradona des changements jugés indispensables et à renforcer le rôle de Bilardo, s'est finalement tenue dans la discrétion, sans le principal intéressé.

Selon la presse, Grondona aurait dit à Bilardo: «En l'absence de Maradona, c'est toi le responsable de la sélection». Le manager aurait alors répondu qu'il ne souhaitait pas «trahir» Maradona. Et Grondona lui aurait assuré qu'«il ne s'agissait pas de prendre le pouvoir à quelqu'un».

Interrogé mardi par l'AFP, Julio Grondona s'est refusé au moindre commentaire. «Je me porte mieux ainsi», a-t-il déclaré, ajoutant: «Les journalistes passent leur temps à inventer et à perturber».

Bilardo, lui, a clairement affiché sa position. «Il ne peut pas y avoir deux personnes à la tête de la sélection, car cela ne ferait qu'égarer les joueurs», a-t-il dit à la presse.

«Rien n'a changé: si Diego me demande mon avis je lui réponds, sinon, non. C'est lui qui décide des changements», a-t-il souligné.



Amical contre le Ghana en sursis


Bilardo était déjà venu au secours de Maradona vendredi en déclarant que seule l'arrivée de «Jésus-Christ ou de la Vierge Marie» pouvait justifier son départ.

Dès la nomination du «Pibe de Oro» à la tête de la sélection, ses détracteurs avaient insisté sur le manque d'expérience de l'ancien meneur de jeu, qui avait dirigé brièvement deux équipes de second rang il y a quinze ans.

La presse lui reproche son absence de projet de jeu, son incapacité à définir son équipe-type et à tirer le meilleur des Agüero, Tevez et surtout Messi, méconnaissables en sélection.

Maradona doit annoncer le 25 septembre la liste des Argentins jouant en Europe convoqués pour les deux derniers matches de qualification.

Mais qui mettra en place l'équipe, composée de joueurs locaux, chargée d'affronter le Ghana le 30 septembre, en amical à Cordoba (centre-nord)? La presse se demande même si ce match aura lieu.