Le sélectionneur argentin Diego Maradona, sur le banc des accusés après quatre défaites qui ont compromis la qualification de son équipe pour le Mondial 2010, est allé chercher refuge en Europe lundi pour échapper à une pression croissante dans son pays.

L'ancien numéro 10 de légende, 48 ans, a ainsi déclaré forfait pour une réunion cruciale convoquée le jour même à Buenos Aires, en présence de Carlos Bilardo le directeur général de l'équipe d'Argentine, et Julio Grondona, le président de la Fédération argentine de football (AFA), également vice-président de la Fédération internationale de football (FIFA).

Selon la presse argentine, Julio Grondona avait l'intention d'exiger de Maradona plusieurs changements pour les deux derniers matches de qualification contre le Pérou, déjà éliminé, le 10 octobre, puis en Uruguay, que l'Argentine ne devance que d'un point, cinq jours plus tard.

À l'heure actuelle, l'albiceleste n'occupe que la cinquième place de la zone Amérique du Sud, synonyme de barrage contre le quatrième de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes). Sa dernière absence au Mondial remonte à 1970.

M. Grondona souhaite notamment que Maradona soit davantage à l'écoute de Bilardo, son entraîneur lorsqu'il a conduit l'Argentine à son deuxième sacre mondial en 1986, affirme la presse locale.



Exercice et repos


«La fuite en avant», a titré sur son site Clarin, le quotidien le plus vendu d'Argentine. «Diego a pris un vol pour l'Europe: pour quoi faire?» s'interroge l'autre grand journal, La Nacion.

Son médecin personnel, Alfredo Cahe, a expliqué à l'AFP que Maradona s'était rendu dimanche «dans un spa en Italie», se refusant à révéler le nom de la ville «pour protéger sa vie privée».

Il a souligné que ce voyage «était prévu depuis un mois pour faire un peu d'exercice et se reposer une semaine» et qu'il ne s'agissait «pas d'une hospitalisation».

Le sélectionneur, victime d'une crise cardiaque en 2000 et d'un accident cardio-vasculaire en 2004, «a subi des examens il y a dix ou douze jours, dont les résultats ont été satisfaisants», a ajouté le médecin.

Des réservations avaient été effectuées dans un spa de Merano qu'il connaît bien, dans le tyrol italien. Mais ce repos était prévu, selon la presse, en cas de résultat positif aux derniers matches qui se sont soldés par deux défaites.

Maradona est sous le feu des critiques de la presse et du public argentin depuis le revers au Paraguay (0-1) mercredi, le quatrième sous sa houlette en six matches de qualifications.



Manque d'expérience


«Jusqu'à quand la blague Maradona?», avait titré le lendemain la chaîne d'informations Cronica TV. Impensable pour une telle légende il y a encore quelques jours.

Tout en soulignant qu'il restera le plus grand joueur de tous les temps, les Argentins se sont mis à demander ouvertement son départ.

Dimanche, les supporters de River Plate ont chanté avec ironie dans les tribunes: «Avec Maradoooona, nous allons rester sans Mondial...» Maradona est resté lié dans l'esprit des Argentins au rival de River, Boca Juniors, dont il a été le joueur vedette.

Dès sa nomination, ses détracteurs avaient insisté sur le manque d'expérience de l'ancien meneur de jeu, qui avait dirigé brièvement deux équipes de second rang il y a quinze ans.

La presse lui reproche son absence de projet de jeu, son incapacité à définir son équipe-type et à tirer le meilleur des Agüero, Tevez et surtout Messi, méconnaissables en sélection.

Carlos Bilardo était cependant venu à son secours vendredi en déclarant que seule l'arrivée de «Jésus-Christ ou de la Vierge Marie» pouvait justifier son départ. Mais cela n'a pas suffi à lui faire accepter la réunion avec l'AFA.