«Il y aura du soccer professionnel à Montréal en 2010», a tenu à rassurer Joey Saputo, président de l'Impact, hier.

Mais on ne sait pas dans quelle ligue. Comme la Caroline, Miami et Vancouver, Montréal n'a pas encore confirmé son adhésion à la USL-1 pour 2010.

M. Saputo a révélé, hier, que l'Impact se trouvait dans la même situation l'automne dernier. «On ne l'avait pas dit publiquement, mais jusqu'au 15 novembre 2008, on ne savait pas si on allait jouer dans la USL en 2009.»

L'Impact avait alors signé «de bonne foi», à condition que les choses bougent. Rappelons que contrairement aux autres organisations de sport professionnel, les équipes de la USL ne possèdent pas la ligue et n'en contrôlent pas les décisions. Elles essaient depuis quelques années de renverser la situation.

On croyait que Nike, propriétaire de la USL, allait la vendre cet été à un regroupement d'équipes incluant Montréal. Jeudi dernier, à «minuit moins une», Nike a annoncé qu'elle la vendait finalement à NuRock Soccer Holdings, un groupe d'Atlanta.

«Trop, c'est trop. Il est temps de prendre le contrôle de notre destin et de faire autre chose», a expliqué M. Saputo.

L'arrivée de NuRock ne semble pas le rendre optimiste. «À quel point peuvent-ils être sérieux s'ils ne consultent pas et s'ils ne parlent même pas aux équipes de la ligue avant de l'acheter?»

Le TOA examine donc «toutes les options», sans vouloir donner plus de détails. Le regroupement pourrait inaugurer une nouvelle ligue dès 2010. Mais c'est loin d'être la seule option, a insisté M. Saputo. «Aussi mauvaise que soit la USL, sa marque existe déjà. Si on peut continuer à la développer au lieu d'en créer une autre, ce serait peut-être plus facile.»

Combien vaut la USL? «Zéro, a répondu Joey Saputo. Qu'achetez-vous si vous achetez la USL? Une ligue où les franchises arrivent et partent d'une année à l'autre, et où les franchises appartiennent à des individus. Vous achetez finalement un logo et une structure déjà en place.»

Une clause de non-divulgation l'empêche de donner le prix offert par le TOA pour la USL. Mais il donne un indice. «Il s'agit de peanuts. Absolument des peanuts.»

La USL est «mal gérée», a-t-il estimé. Par exemple, les propriétaires n'ont aucun mot à dire sur le marketing. Selon M. Saputo, l'Impact investirait environ 10 fois plus en marketing que ne le fait la ligue elle-même.

Les propriétaires d'équipe ont été avisés en même temps que le public de l'arrivée des nouvelles franchises de Cleveland et de New York en 2010. «Sans vouloir leur manquer de respect, il y certaines équipes qui n'ont pas leur place dans la ligue», a-t-il affirmé.

Aussi, le coût d'acquisition d'une franchise n'aurait pas augmenté depuis 1994, alors qu'en MLS, il a bondi de 5 à 40 millions durant la même période. «La MLS continue de croître, et la USL stagne», a-t-il résumé.

L'Impact continue d'ailleurs de préparer son passage en MLS, espéré pour 2011 ou 2012. M. Saputo assure que cela ne diminue pas sa motivation dans le présent dossier. «Regardez Vancouver. Ils sont assurés de passer en MLS en 2011, mais ils se battent encore pour que les propriétaires contrôlent la USL et leur destin. C'est une question de principes, et moi aussi, je suis un gars de principes.»

Il pourrait aussi profiter d'une réforme de la USL. M. Saputo envisage de posséder une équipe québécoise en USL après le passage anticipé de l'Impact en MLS. «On a toujours regardé cette possibilité. (...) C'est une autre raison pour laquelle c'est important pour moi de solidifier la USL.»

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UN DOSSIER QUI TRAÎNE


Fin 2005 > Quatre propriétaires d'équipe, incluant l'Impact, essaient d'acheter les parts de la USL (30%) que détenait la compagnie Varsity. Le propriétaire majoritaire de la USL, Umbro, bloque la transaction en exerçant son droit de premier refus. Il devient propriétaire de la USL à 97%.

Août 2007 > Les propriétaires acceptent de joindre la USL pour la saison 2008, mais refusent de signer l'entente de renouvellement pour 2009. Ils demandent peu après à la USL de changer sa structure afin de pouvoir y exercer un contrôle.

Octobre 2007 > Nike achète Umbro. Elle devient de facto propriétaire de la USL.

Janvier 2008 > Les propriétaires créent le Team Owners Association (TOA) afin de restructurer la ligue et possiblement de l'acheter.

15 novembre 2008 > Des équipes incluant l'Impact signent leur adhésion à la USL pour 2009. En échange, Nike s'engage à apporter des changements dans la structure.

Mai 2009 > Nike met la USL en vente.

Été 2009 > Des propriétaires d'équipe se joignent à un groupe d'acheteur de St. Louis. La transaction est sur le point de se conclure, estime Selby Wellman, propriétaire des RailHawks de la Caroline.

27 août 2009 > À la surprise générale, Nike annonce que c'est finalement à NuRock Soccer Holdings qu'elle vend la USL.