Sur le terrain, cet après-midi, il y aura une grande vedette. Sa seule présence mérite le déplacement. Retenez son nom: Yoann Gourcuff.

On le compare déjà aux grands champions français qu'ont été Michel Platini et Zinédine Zidane. Milieu de terrain offensif de Bordeaux et de l'équipe de France, il est le grand espoir du soccer français.

Déjà, à 17 ans, des clubs comme l'Ajax d'Amsterdam, Liverpool ou Arsenal le convoitaient. Il n'a aujourd'hui que 23 ans et déjà six saisons passées dans un club professionnel, dont deux au prestigieux Milan AC. L'équipe italienne doit se mordre les doigts de l'avoir laissé partir à Bordeaux pour 20 millions de dollars...

Il a obtenu cette année le titre de meilleur joueur de soccer en France.

«Qu'est-ce que ça fait d'être le meilleur joueur français en 2009?» lui a demandé La Presse en entrevue, hier. «Ça fait plaisir mais le plus important, c'est d'avoir remporté le championnat, dit-il. La récompense individuelle passe après la récompense collective.»

«Est-ce que ça met plus de pression d'être le meilleur?» «Non, j'essaie juste de prendre du plaisir sur le terrain et de ne pas me blesser.»

Gourcuff brille en équipe de France. Il est devenu incontournable. Son premier but avec les Bleus, le 11 octobre dernier contre la Roumanie, est une merveille: un tir de 35 mètres sous la barre transversale. D'ailleurs, ses buts, diffusés sur YouTube, sont déjà des pièces d'anthologie. Il possède tous les coups techniques, la roulette, le tiroir, le café crème qu'il exécute avec un sang-froid et une assurance incroyables.

Les journalistes français ne manquent pas de mots pour décrire ses prouesses, ses célèbres talonnades, ses enchaînements uniques, la balle au pied, son style virevoltant, sa façon unique d'effleurer le ballon pour se mettre en position de tirer et ses boulets de canon puissants, précis et souvent imparables.

D'où vient son style de jeu? «Je ne sais pas, dit-il. Il faut être en forme car quand on est bien physiquement, ça rejaillit sur la technique et la sensibilité qu'on peut avoir avec le ballon. Mon père avait une sensibilité comme la mienne, la sensation de bien conduire le ballon.»

Certains le surnomment déjà «Petit Zizou». Mais à 22 ans, Zinédine Zidane n'avait encore gagné aucun trophée. Gourcuff, lui, a remporté la Coupe du monde des clubs, la Supercoupe de l'UEFA et la Ligue des champions avec le Milan AC à 21 ans, sans compter le Championnat de France et la Coupe de la ligue avec Bordeaux cette année, et le Trophée des champions l'an dernier contre l'Olympique lyonnais.

Comment réagit-il quand on l'appelle «Petit Zizou»? «Ça fait plaisir mais chacun a son style de jeu. En tant que joueur, je sais bien que je n'ai rien à voir avec Zidane. Il a fait une carrière extraordinaire. Je n'en suis qu'au début. J'ai encore beaucoup à prouver et à faire.»

C'est la première fois que Gourcuff vient à Montréal, une ville que son père Christian connaît bien. Christian Gourcuff, actuel entraîneur de l'équipe de Lorient, a joué une saison avec le Supra de Montréal en 1989. «C'est la première fois que je viens ici, dit Yoann Gourcuff. C'est bien de découvrir un nouveau pays. Mon père m'a un peu parlé des quelques mois durant lesquels il a vécu ici. Il m'a dit beaucoup de bien de Montréal. Voilà, je suis content.»

Et pour l'équipe de France, est-il optimiste qu'elle se qualifiera pour la Coupe du monde 2010? «On va prendre les matchs les uns après les autres et essayer de remporter le match qui arrive et après on se concentrera sur le match suivant.»

Pour voir ce magicien du ballon, la rencontre est à 15h au Stade olympique.