«De toute ma carrière, je n'ai jamais vu ça.»

La nuit n'a pas suffi à l'entraîneur-chef de l'Impact, John Limniatis, pour comprendre comment son équipe a pu s'effondrer de la sorte jeudi soir au Mexique.

«Je ne reconnaissais pas l'équipe sur le terrain en deuxième demie. On n'a pas joué selon nos habitudes. Après 30 ans dans le soccer, je sais que tout est possible, mais j'ai encore du mal à croire ce qui s'est passé.»

Dur à croire en effet que l'Impact a laissé le Santos marquer cinq buts, dont deux lors des arrêts de jeu, pour s'envoler avec la victoire de ce quart-de-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF.La première demie s'était pourtant déroulée rondement; l'Impact menait 2-1 et tout semblait indiquer que le Stade vibrerait de nouveau le 18 mars au soir.

Sauf que tout s'est déréglé en deuxième demie. L'attaque n'a réussi qu'un seul tir au but, la défensive s'est fait tailler en petits morceaux. L'esprit de corps a foutu le camp et l'équipe a fait place à 11 individus avec le même gilet blanc sur le dos. Onze individus complètement perdus, incapables de s'organiser pour sortir le ballon de leur zone. Du coup, la ligne médiane s'est transformée en mur de Berlin pré-perestroïka. Infranchissable.

«On a été battu psychologiquement, dit Limniatis. En fin de match, on était finis. On n'a pas bagarré jusqu'à la fin. Peut-être que certain joueurs ont pensé que le match était fini avant la fin. Peut-être qu'ils ne croyaient pas que Santos marquerait cinq buts. Ça été nos pires 45 minutes depuis le début du tournoi.»

«On a fait de grosses erreurs sur le plan individuel et collectif. Quand on joue aussi mal, on n'a aucune chance, surtout pas contre une équipe aussi bonne équipe que Santos.»

Faut-il blâmer le manque d'expérience pour cette fin de match catastrophique? Le manque d'énergie? Le manque de travail?

«Pour travailler, on a travaillé. On s'était bien préparé et on a joué de l'excellent jeu collectif lors du premier match. Non, je crois plutôt que le problème est un manque d'expérience. Une question de culture.»

De culture? «L'équipe a été naïve. On a été un peu trop gentils; c'est dans notre culture, au soccer et aussi dans notre pays. On a accepté des choses qu'on n'aurait pas dû accepter. Personne n'a vraiment pris les choses en mains ; personne n'a été vraiment méchant. Il aurait fallu des tacles un peu plus agressifs pour envoyer un message clair aux adversaires. Il fallait réagir, ne pas accepter de se faire attaquer tout le temps comme ça. Mais personne ne l'a fait. On n'a pas été capable de réagir. C'est notre faute à tous, moi y compris.»

Pourquoi ne pas avoir fait un changement pour tenter de renverser la vapeur ? «Peu importe ce qu'on essayait, ça ne fonctionnait pas. Et je n'avais pas les meilleures options sur le banc pour ce match-là. Des gars comme Stefano Pesoli et Patrick Leduc (NDLR : blessés tous deux) auraient pu être utiles. Ils ont un caractère qui aurait pu influer sur le cours du match.»

La défaite est d'autant plus dure à avaler que Limniatis et ses joueurs ont eu la victoire à leur portée jusque dans les dernières minutes du match. «Si on avait perdu à Montréal, puis à Torréon, on se dirait que Santos était vraiment une meilleure équipe. Point final. Mais on n'aurait pu gagner, même si le travail était difficile. On s'est rendu jusqu'au pont, mais on n'a jamais réussi à traverser la rivière.»

Le tournoi de la Ligue des champions de la CONCACAF se continuera donc sans l'Impact. Des quatre équipes présentes dans le carré d'as, trois sont mexicaines ; l'autre, Porto Rico, évolue dans la USL. Ceux qui croyaient que la MLS était la meilleure ligue de l'Amérique du Nord devront réajuster leur tir. «Les Mexicains sont de loin supérieurs», lance Liminiatis.

Son équipe doit maintenant se concentrer sur sa saison régulière qui débute le 18 avril à Charleston, contre le Battery. D'ici là, les joueurs vont passer quelques temps à Montréal pour s'entraîner avant de s'envoler vers la Floride pour disputer quelques matchs amicaux.

«On a beaucoup appris de ce tournoi, et il s'en dégage plusieurs choses positives. On a montré ce dont on est capable ; on n'a rien à envier aux équipes des États-Unis, du Honduras ou de Panama. Mais on a aussi appris que pour être parmi les meilleurs, il faut en faire plus.»