Le Canada occupe une position de pointe dans les sports d'hiver et c'est tout particulièrement vrai dans tous les sports de glisse dits «extrêmes». En surf des neiges, les champions d'ici se distinguent dans toutes les disciplines et l'un des plus connus est le Québécois Sébastien Toutant.

Le jeune homme de 18 ans complétera aujourd'hui au mont Saint-Sauveur une «saison de rêve» au cours de laquelle il a remporté plusieurs compétitions importantes, dont les fameux X-Games à Aspen au Colorado.

Déjà une immense vedette dans ce milieu - il passe autant de temps en activités promotionnelles qu'en compétition -, celui qu'on surnomme Seb Toots sur le circuit professionnel est l'un des athlètes québécois les mieux payés.

Sébastien a été découvert en 2006 quand il a justement remporté le Ride Shakedown. À seulement 13 ans, il avait obtenu une place en finale en dominant la compétition amateur, puis s'était imposé devant tous les professionnels. Toutant a récidivé en 2009 avant de prendre la deuxième place en 2010. Il sera évidemment favori ce soir.

«J'ai commencé à 9 ans, à Val St-Côme, rappelait Sébastien cette semaine en entrevue. C'est vers 14 ans que j'ai réalisé que je pourrais en faire une carrière. C'est sûr que ma première victoire à Saint-Sauveur m'a donné un bon départ, surtout avec les commanditaires.»

Avec son look, son talent exceptionnel et son sens du spectacle, le jeune homme s'est rapidement imposé comme l'une des valeurs les plus sûres du surf des neiges. O'Neill, Oakley, Red Bull ou Ride, des géants dans ce domaine, se sont empressés de l'embaucher pour porter leurs couleurs.

«Je n'arrête pratiquement pas de juillet à mai, explique-t-il, et je ne suis que très rarement à la maison (chez ses parents à L'Assomption). J'ai essayé de continuer l'école, d'abord entre les compétitions puis par correspondance, mais ce n'était pas évident... J'ai arrêté au secondaire III, mais je pourrai reprendre plus tard, si j'en ai besoin, alors qu'une carrière comme la mienne ne dure que quelques années.»

Des modèles?

Toutant participe à une vingtaine de compétitions chaque année, sur tous les continents. L'arrivée éventuelle du «slopestyle» au programme olympique pourrait lui ouvrir les portes des Jeux de Sotchi, en 2014, mais il se concentre présentement sur le lucratif circuit professionnel, dont les X Games sont l'épreuve phare.

«Je rêvais de cette compétition depuis mes débuts, avoue Sébastien. J'avais raté l'édition 2010 en raison d'une fracture à la cheville et je me suis présenté à Aspen, en janvier, sans véritable objectif. J'ai d'abord enlevé la deuxième place dans les sauts, puis j'ai remporté le slopestyle!»

Toutant a ainsi rejoint deux figures légendaires du surf des neiges: Shaun White, dont il a battu un record avec une marque de 97 points, et Travis Rice, qui avait été le seul autre skieur recrue à remporter l'épreuve.

«Je ne crois pas avoir la personnalité de White, mais j'admire ce qu'il a accompli pour l'essor de notre sport, souligne Sébastien. Je suis sans doute plus proche de Rice, que je retrouverai bientôt pour 10 jours de tournage. Ce n'est pas quelqu'un que je connais très bien, mais je sais que nous aurons beaucoup de plaisir pendant ces journées...»

Toutant insiste d'ailleurs sur la dette qu'ont les jeunes «riders» comme lui envers les précurseurs de la génération précédente. «Ils ont tout inventé sur des pistes tout croches avec des sauts plats et dangereux, explique-t-il. Nous, nous avons appris dans des snowparks parfaits, avec des conditions idéales.

«Ce n'est pas pour rien que le niveau est si élevé présentement. Un gars peut tout gagner une année et plus rien l'année suivante. Ça évolue tellement vite. Je n'ai que 18 ans, mais il y a plein de jeunes qui poussent derrière moi!»

Sébastien ne ménage aucun effort pour rester au sommet. Parfaitement conscient des obligations sportives et professionnelles de son métier, il s'investit à 100% - on a parlé de son calendrier - et garde la passion de ses débuts.

L'autre jour, seul au pied des pentes du mont Avila, il cherchait un petit amas de neige pour réussir un dernier saut avant de rentrer au chalet pour la rencontre de presse. «Mes amis me demandent ce qu'il me reste à faire maintenant que j'ai gagné les X-Games... Mais il n'y a rien au monde que j'aime mieux que d'être sur ma planche le printemps au soleil avec de la neige et une belle piste. J'ai encore tant de choses à faire!»