Alex Harvey disputera les trois dernières courses de sa carrière, d'aujourd'hui à dimanche, dans le cadre des finales de la Coupe du monde présentées sur les plaines d'Abraham. Le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges est prêt à «donner un bon show».

Le rêve

Alex Harvey est bien conscient de la chance inouïe qu'il a de pouvoir conclure sa carrière à la maison, sur les plaines d'Abraham. «Je vois le parcours de ma chambre, j'ai une super belle vue», s'est-il enthousiasmé hier après-midi. L'athlète de 30 ans se fait conduire entre le site et l'hôtel à bord d'une auto sur laquelle est inscrit son nom. C'est d'ailleurs la première voiture que le représentant de La Presse a croisée en marchant près de l'édifice Honoré-Mercier, où le maire Régis Labeaume se préparait à rencontrer le premier ministre François Legault. Le fondeur nous a envoyé la main... Serein, le futur retraité a bien l'intention de tout jeter sur la piste d'ici à dimanche: «Je suis nostalgique, je me souviens de toute ma carrière, plein d'images et d'émotions me viennent en tête. En même temps, je suis dans un état d'esprit combatif, je veux bien faire, je veux me battre pour le podium. Mon rêve, c'est de terminer sur un autre podium à la maison.»

«Un négligé»

Vainqueur du sprint et deuxième de la poursuite, Harvey avait connu un week-end de rêve au même endroit il y a deux ans. «Je volais sur la piste», se souvient celui qui était arrivé fraîchement auréolé de son titre mondial au 50 km. Soixante mille spectateurs avaient applaudi son triomphe. «Je ne vois pas comment ça pourrait être plus gros... Cette année, avec la saison que j'ai eue, je suis conscient que je ne suis pas dans les trois ou quatre favoris pour le podium tous les jours. Je suis plus un négligé. Je crois quand même en mes chances et je ne serai pas une proie facile pour les autres. Je vais leur donner du fil à retordre.» La présence des Russes, absents en 2018, ajoute également beaucoup de profondeur au peloton.

La forme est là

Harvey peut bâtir sa confiance sur sa forme récente. Une semaine après les Mondiaux, l'affaire est passée un peu inaperçue, mais il a offert sa meilleure course de la saison au 50 km classique d'Holmenkollen, le 9 mars. Dans des conditions très exigeantes - temps chaud, neige molle -, il a terminé cinquième, égalant son meilleur résultat sur le parcours mythique obtenu en style libre aux Mondiaux de 2011. «J'ai eu une saison difficile en classique, mais on dirait que pendant ce cinquante-là, ça a juste cliqué, j'étais capable de faire fonctionner les skis», a noté Harvey. «C'est signe que la forme est encore là.» Avec le Norvégien Martin Johnsrud Sundby (6e), il est le seul à avoir résisté à l'assaut des Russes à 3 km du fil. Ces derniers ont pris les quatre premières places, le jeune Alexander Bolshunov cueillant les lauriers à l'arrivée, dans un scénario qui rappelait le triplé russe aux Jeux olympiques de Sotchi, avec la suite que l'on sait.

Le programme

Comme en 2017, les finales de la Coupe du monde de Québec prendront la forme d'un mini-tour. Elles s'ouvriront aujourd'hui avec un sprint style libre de 1,65 km. Vainqueur il y a deux ans, Harvey aura fort à faire pour se qualifier parmi les 30 premiers, ce qu'il n'a pas réussi à ses cinq derniers départs en Coupe du monde (31e à Falun dimanche dernier). Demain, les hommes disputeront un 15 km classique en départ de groupe (10 km pour les femmes). Dimanche, les fondeurs s'élanceront à tour de rôle, selon un écart déterminé par les résultats des deux premières épreuves, pour une poursuite en style libre de 10 km chez les femmes et de 15 km chez les hommes, où Harvey croit avoir les meilleures chances de podium. «Le parcours convient bien à Alex, a souligné l'entraîneur Louis Bouchard. Les montées sont à pic et demandent beaucoup de puissance, l'une de ses qualités, mais elles ne sont pas trop longues.»

Klaebo c. Bolshunov

Contrairement aux apparences, Alex Harvey ne sera pas le seul concurrent en piste cette fin de semaine. Johannes Høsflot Klaebo et Bolshunov, âgés de 22 ans, se livreront une lutte sans merci pour l'obtention du grand globe de cristal décerné au meilleur fondeur de la saison. Couronné l'hiver dernier, le Norvégien ne détient plus qu'une avance de 14 points sur le Russe. «Klaebo va gagner, a prédit Harvey. Bolshunov est plus fort, Klaebo est plus fin renard. Il va surveiller ce que fera Bolshunov en classique [demain] et le suivre dans la poursuite [dimanche].» Avec sept victoires consécutives, Klaebo a déjà remporté le petit globe du sprint, tandis que Bolshunov a assuré sa mainmise sur celui de la distance avec sa première place dimanche dernier à Falun.

Østberg c. Nepryaeva

Chez les femmes, le grand globe se jouera entre Ingvild Flugstad Østberg et Natalia Nepryaeva. La Russe doit combler un retard de 97 points sur la Norvégienne, qui vise une première couronne. En sprint, la Suédoise Stina Nilsson voudra tenir à distance la Norvégienne Maiken Caspersen Falla. Pour les courses de demain et de dimanche, toute l'attention sera tournée vers la Norvégienne Therese Johaug, invaincue en distance cette saison, de retour à la suite d'une suspension de 18 mois pour usage d'une crème à lèvres contenant un stéroïde. La jeune Suédoise Frida Karlsson, 19 ans seulement, fera son retour après sa prestation formidable aux Mondiaux de Seefeld, où elle a gagné l'argent au 10 km, le bronze au 50 km et l'or au relais. Attention, phénomène.

Prêts à tout

Après avoir consulté trois ou quatre sites de prévisions qui se contredisaient, les farteurs de l'équipe canadienne ont abandonné l'idée de connaître la météo pour le sprint d'aujourd'hui. Pluie, neige, allez savoir. «Si ç'avait été en classique, avec le kick, ç'aurait été un cauchemar, mais en pas de patin, c'est un peu moins pire», a souligné le technicien-chef Yves Bilodeau. En fin d'après-midi hier, une demi-douzaine de paires de skis, reconnues pour être performantes dans des conditions molles, avaient été présélectionnées pour Alex Harvey. Trois techniciens choisiront la meilleure ce matin. D'autres farteurs détermineront parallèlement la cire de glisse la plus rapide sur des skis de testage. «Après, ce sera à nous de mettre la potion magique», a conclu Bilodeau en désignant un établi rempli de tubes et de petits contenants de plastique. Au total, Harvey compte sur 30 paires de skis pour son séjour à Québec.