«C'est une honte, on nous compare déjà au cyclisme!» Les participants à la Coupe du monde de ski de fond, qui débute ce week-end en Finlande, n'apprécient guère de voir sur la ligne de départ les six Russes bannis des Jeux olympiques pour dopage.

Jeudi, à la veille de la première épreuve de la saison à Ruka, la Fédération internationale de ski (FIS) a pris une décision délicate, au risque de se retrouver sous le feu des critiques.

Faute de pouvoir étudier les preuves utilisées par le CIO pour retirer aux Russes leurs médailles olympiques et les exclure des prochains jeux, la FIS a dû les admettre au départ de la Coupe du monde, au moins provisoirement.

«La commission du dopage de la FIS est obligée d'attendre la remise des conclusions de la commission de discipline du CIO et les preuves, avant de pouvoir prendre d'autres mesures», explique la FIS dans un communiqué.

«Un club de Mickey Mouse!»

Les six Russes concernés ont été bannis à vie des JO début novembre. Parmi eux, on trouve notamment Alexander Legkov, qui perd donc sa médaille d'or du 50 km de Sotchi, et Maxim Vylegzhanin, champion du monde en 2015, mais dépossédé de ses trois breloques d'argent olympiques de 2014.

«Je n'ai aucune honte à regarder les autres athlètes dans les yeux sur la ligne de départ. Je n'ai violé aucune règle», avait réagi Vylegzhanin après la sanction du CIO.

Leur admission au départ de la Coupe du monde pourrait provoquer la fureur d'autres concurrents, qui s'attendaient à ce que les six soient également interdits de Coupe du monde.

«Le fait que (...) les suspendus à vie par le CIO puissent encore gagner des courses démontre que notre sport est devenu un club de Mickey Mouse!», avait fulminé le Canadien Devon Kershaw, avant l'annonce de cette décision.

«C'est une honte», avait renchéri son compatriote Alex Harvey: «Nous sommes déjà comparés au cyclisme. C'est nous qui avons, avec le biathlon, le plus grand nombre de cas de dopage».

«Il n'est pas possible que des fondeurs et des fondeuses suspendus pour les Jeux olympiques puissent disputer la Coupe du monde», avait dit pour sa part l'Allemand Andreas Katz.

Un Russe favori

Au contraire, la présidente de la Fédération russe de ski de fond, Elena Vialbe, citée par R-Sport, a salué «une bonne nouvelle» même si «ce n'est pas encore une victoire».

«C'est une décision raisonnable de la FIS, elle a décidé de ne pas mettre la charrue avant les boeufs. Ils sont comme nous, ils attendent de voir les motifs» de la sanction du CIO.

Sur la piste, l'un des grands favoris de cette saison sera d'ailleurs... le Russe Sergey Ustiugov, qui ne figure pas dans la liste des athlètes sanctionnés.

Complet, et particulièrement puissant en sprint, Ustiugov a terminé deuxième du classement général l'an dernier, à 25 ans.

Lui seul semble en mesure de menacer Martin Sundby. À déjà 33 ans, le Norvégien, trois fois vainqueur du Gros Globe de cristal, n'a cependant jamais été titré individuellement dans un grand championnat.

Il doit vaincre cette malédiction pour entrer dans la légende de son sport, et concentrera donc sa préparation sur les Jeux olympiques de PyeongChang (9 au 25 février). D'où Ustiugov pourrait être absent si le CIO décide d'exclure la Russie des jeux, lors de sa réunion du 5 au 7 décembre à Lausanne, en raison des soupçons de dopage d'Etat.

Chez les dames, où les Norvégiennes écrasent la concurrence, la jeune Heidi Weng, vainqueur à 25 ans de la Coupe du monde l'an dernier, tablera sur sa régularité pour l'emporter de nouveau.

Mais à PyeongChang, la favorite sera l'éternelle Marit Bjorgen, la femme aux 110 victoires en Coupe du monde. À 37 ans, elle a besoin de faire des pauses dans sa saison, mais elle reste incontournable lors des grands rendez-vous internationaux.