Le double olympien Donald Farley, meilleur fondeur canadien de sa génération, est mort subitement samedi alors qu'il s'entraînait à vélo à Sainte-Adèle. Il avait 46 ans.

Selon les informations recueillies, Farley se serait arrêté au kilomètre 28 de la piste du P'tit Train du Nord peu avant 13h, près de la gare de Mont-Rolland. Une femme qui le suivait l'aurait vu s'effondrer peu après. Elle aurait tenté de pratiquer des manoeuvres de réanimation avant l'arrivée des policiers et des ambulanciers.

Il a été transporté à l'hôpital Laurentien de Sainte-Agathe-des-Monts, et son décès a été constaté une heure plus tard. La cause de la mort demeure inconnue, mais un malaise est une hypothèse évoquée par la Sûreté du Québec.

«Ça ressemble beaucoup à une crise cardiaque», a fait savoir hier Jean Paquet, un grand ami de Farley. L'entraîneur et olympien en biathlon a appris la mauvaise nouvelle quand Steve Cyr, un autre olympien en biathlon et ami commun, l'a appelé samedi. Il accompagnait la conjointe de Donald Farley à l'hôpital.

En matinée, cette dernière avait couru une heure avec son conjoint. Il a alors ressenti un léger malaise dans la région du thorax. «Ça lui a comme donné une petite indication, mais il avait dit à sa copine qu'il irait vérifier ça à l'hôpital», a raconté Steve Cyr, qui a participé aux JO de Nagano en compagnie de Farley. «Il est parti faire du vélo en après-midi.»

Cyr, qui devait manger chez son ami samedi soir, n'a pas assisté à la rencontre entre les médecins et la copine et les parents de Farley, mais en a obtenu des échos par la suite.

«J'ai su qu'ils voient ça souvent chez les athlètes de haut niveau qui font de l'entraînement plusieurs années consécutives. Le coeur est hypertrophié, et ça peut justement donner des problèmes cardiaques à long terme. Ils en voient quand même assez régulièrement.»

Moins d'une semaine avant sa mort, Farley avait reçu Paquet à sa nouvelle résidence de Sainte-Adèle, située près de l'endroit où il est mort. Comme d'habitude, ils ont poussé la machine ensemble, en ski à roulettes. «L'entraînement, c'était toujours l'objectif entre nous», a dit Paquet, qui le connaissait depuis plus de 25 ans.

Avant le départ de Paquet, lundi dernier, ils ont fait du jogging dans le bois. À un moment, Farley s'est arrêté, pris d'une crampe à l'épaule. Il s'est mis à tourner le bras pour chasser la douleur.

«Je n'ai pas trouvé ça normal, a indiqué Paquet. Une crampe à l'épaule, on ne voit pas ça souvent. J'ai vu ça comme un signal d'alarme. Ça m'a inquiété. Je lui ai dit de faire vérifier ça. Vous savez comment sont les athlètes. On a continué à courir et on a fini le restant de la run. Tout était beau.»

Un «super talent»

La mort soudaine de Farley a secoué le monde du ski de fond. «C'est un choc», a témoigné son ancien coéquipier Stéphane Barrette, actuel directeur du développement des athlètes et entraîneurs à Ski de fond Canada. «Donald a toujours été un ami. On a été sur l'équipe nationale à peu près en même temps. L'été, on est allés planter des arbres ensemble en Colombie-Britannique.»

Originaire de Lorraine, Farley était un athlète doté de capacités cardiovasculaires exceptionnelles, en mesure de courir 10 km en 30 minutes. Dès sa sortie des rangs juniors, il a accédé à l'équipe nationale, en 1991.

Spécialiste des épreuves de distance en classique, il a disputé cinq championnats mondiaux et 48 étapes de Coupe du monde, perçant trois fois le top 30. En 2000, il a remporté le 30 km aux championnats américains en dépit d'une mononucléose.

«C'était un super talent», a dit l'entraîneur Louis Bouchard, qui a couru contre lui dans les rangs provinciaux et nationaux. «C'est le meilleur athlète qu'on a eu entre Pierre [Harvey] et Devon Kershaw.»

Malade à ses premiers Jeux olympiques, à Nagano en 1998, Farley a été le seul représentant canadien dans les épreuves masculines de ski de fond aux JO de Salt Lake City en 2002. Il a terminé 39e du 50 km classique.

Farley a conclu sa carrière un mois plus tard au Mont-Sainte-Anne en remportant une 36e médaille, dont une 24e en or, aux championnats canadiens. Il surpassait ainsi Pierre Harvey, son idole de jeunesse.

«Pour Pierre comme pour moi, ce sont les résultats internationaux qui priment, et à ce chapitre, il remporte la palme haut la main», avait déclaré Farley au collègue Martin Smith.

«Il avait une capacité de travail énorme, a souligné Bouchard. Il était très dur envers lui-même et les autres. C'était un émotif.»

Stéphane Barrette se souvient aussi d'un «individu intense» qui poussait parfois les choses «un peu à l'extrême». «Ce qui le distinguait, c'est qu'il était vraiment passionné par le sport, même après sa carrière, a-t-il souligné. Il est toujours resté actif, à compétitionner de façon amateur jusqu'à tout récemment. Ça peut sonner cliché, mais il est mort en faisant ce qu'il aimait.»

Après sa carrière, Farley a oeuvré dans le monde de la finance. Depuis l'été dernier, il était gestionnaire de portefeuilles pour Gestion privée Desjardins. Le sport continuait de l'habiter.

- Avec la collaboration d'Ariane Lacoursière, La Presse