Alex Harvey a gagné une position au Tour de ski en prenant le sixième rang de la cinquième étape, une poursuite de 25 km en style libre qui s'est déroulée hier à Toblach, en Italie.

Le fondeur canadien a encore perdu un peu de temps vis-à-vis des quatre meneurs. Il pointe désormais à un peu plus de deux minutes du détenteur du maillot rouge, Petter Northug. À sa manière habituelle, le ténébreux Norvégien a fait la barbe à ses trois rivaux dans les 200 derniers mètres après n'avoir pris aucun relais.

Avec deux étapes à faire, demain et dimanche dans le Val di Fiemme, place à un «Tour» de la question en cette dernière journée de repos. La Presse a rejoint Harvey au téléphone, hier, alors qu'il faisait la route entre Toblach et Val di Fiemme.

AU SUJET DE SA PRESTATION D'HIER

Alex Harvey s'est dit «bien content» de sa sixième place, mais il est resté sur son appétit. Il a chassé avec le Suédois Daniel Richardsson (9e) pour revenir sur le Suisse Dario Cologna (7e), qui avait levé le pied après un effort vain pour rejoindre la tête de course. Après la jonction, au début de la quatrième des cinq boucles, Harvey a senti un désintérêt à maintenir le rythme dans le groupe de cinq unités. «En ce qui concerne le classement, tout le monde a compris que le mieux qu'on pouvait faire, c'était cinquième, a-t-il commenté. On voulait juste s'assurer que le groupe derrière ne revienne pas trop proche.» Le Québécois n'a pas voulu se «mettre dans le rouge» et qu'un passager en profite pour attaquer.

AU SUJET DE DYRHAUG QUI L'A BATTU AU SPRINT

Comment expliquer qu'Harvey se soit fait battre au sprint pour la cinquième place par Niklas Dyrhaug, qui n'est pas reconnu pour sa pointe de vitesse? «Il n'a pas tiré beaucoup de la journée», a souligné le fondeur. Sans mettre en cause le Norvégien, avec qui il entretient une bonne relation, il se demandait pourquoi celui-ci est venu solliciter sa collaboration avant le départ. «À la ligne d'arrivée, quand je suis allé le féliciter, il s'est excusé. La première chose qu'il m'a dite c'est: "Je sais que je n'ai pas tiré du tout." Ce n'est pas grave, mais j'ai trouvé ça drôle qu'il me dise "on va travailler ensemble"»...

AU SUJET DE SA CONDITION PHYSIQUE ACTUELLE

En 2014, Harvey avait pris le troisième rang de cette poursuite à Toblach, qui comptait cependant 10 km de plus. Comment compare-t-il sa condition physique actuelle à celle de l'an dernier à pareil moment dans le Tour? «J'ai une meilleure énergie, assure l'athlète de 26 ans. L'an dernier, j'étais vraiment fatigué après cette étape-là. Troisième, c'était une super réussite, mais j'avais poussé pas mal tout le long parce qu'un groupe s'approchait de nous. Cette année, vu que le groupe ne collaborait pas, je ne suis pas allé au plus profond de moi-même.» Pour d'autres, ce fut une autre histoire. Harvey a vu plusieurs visages barbouillés par le sel dans la tente où se changent les fondeurs.

AU SUJET DE LA PROCHAINE ÉTAPE

À quoi faut-il s'attendre d'Harvey pour la sixième et avant-dernière étape demain dans le Val di Fiemme? À quelque chose de bien, sinon de spectaculaire. Il s'agira d'un 15 km classique départ groupé, tous des éléments favorisant le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges. Il avait terminé troisième de cette épreuve en 2013, quelques semaines avant de gagner le bronze en sprint individuel sur le même parcours aux derniers Mondiaux. «Je ne suis pas trop fatigué, j'ai de l'énergie encore, j'envisage la course de [demain] avec beaucoup d'excitation, lance le principal intéressé. Le podium est très jouable.»

AU SUJET DE LA VICTOIRE POSSIBLE DE NORTHUG

Petter Northug, qui détient une priorité de sept secondes sur le Suédois Calle Halfvarsson, gagnera-t-il son premier Tour de ski dimanche? Non, pense Harvey comme la plupart des observateurs. «Il a déjà eu une avance d'une trentaine de secondes et il s'était fait reprendre dans la dernière montée», rappelle le Canadien. Il fait du Norvégien Martin Johnsrud Sundby (3e, + 12,2 s), tenant du titre, son grand favori, suivi d'Halfvarsson. Northug et le Russe Evgeniy Belov (4e, +17,4 s) devraient se livrer «une bonne bagarre» pour le troisième rang.

AU SUJET D'UNE PARTICIPATION POSSIBLE À LA DERNIÈRE ÉTAPE DIMANCHE

Même si l'espoir d'un podium final s'est envolé, Harvey sera-t-il de la partie pour la dernière étape qui se termine par une montée de 3,7 km à l'Alpe Cermis, une station de ski alpin? Après avoir fermé la porte mercredi, Harvey souffle le chaud et le froid. Depuis deux ans, il refuse de prendre le départ, une condition vasculaire particulière l'empêchant de s'exprimer pleinement sur ce parcours unique. «Si j'ai des raisons de penser que je peux finir dans le top 10, peut-être que ça vaudra la peine», a-t-il nuancé. S'élancer sur des skis de classique dans cette épreuve en style libre fait partie des solutions envisagées, comme il l'évoquait en début de semaine. «Il y a plein d'options, les farteurs ont une couple de formules qu'on pourrait essayer. Je vais voir après la course de [demain].»