Un rendez-vous manqué. Difficile d'évaluer autrement les Championnats du monde d'Alex Harvey, qui se sont conclus hier, à Val di Fiemme, par une anonyme 28e place au 50 km classique, distance mythique sur laquelle il misait beaucoup.

Décroché du groupe de tête au début de la troisième des six boucles, Harvey a conclu la course à plus de quatre minutes et demie du gagnant, le Suédois Johan Olsson, auteur d'un numéro d'anthologie avec une échappée de plus de 35 km, dont la majorité en solo après la chute du Suisse Dario Cologna, médaillé d'argent. Le Kazakh Alexey Poltoranin a gagné le bronze, son deuxième des Mondiaux.

Harvey a su dès les deux premiers tours que la journée serait compliquée pour lui. «Je ne sais pas pourquoi. C'est le corps qui était dans une mauvaise journée. Je n'étais juste pas assez vite», a-t-il résumé au téléphone quelques heures après la conclusion de l'épreuve.

Il s'est bien gardé de le mentionner, mais la préparation des skis n'a pas aidé. De la glace se formait sous la semelle au sommet des montées. «L'équipement était so-so, mais pas affreux non plus», a glissé l'entraîneur Louis Bouchard, sans évacuer la responsabilité de son athlète, qui «n'était pas dans une super journée» non plus.

Lorsque l'hypothèse de l'équipement lui a été soumise, Harvey l'a balayée du revers de la main. «Ce n'était pas si pire. C'était plus tannant qu'autre chose. (La glace) décollait après. Dans les descentes, j'avais d'aussi bons skis que ceux de mes adversaires. C'était vraiment moi.»

Livré à lui-même pendant une partie de la course, il ne cache pas qu'un abandon lui a traversé l'esprit. «C'est quand même un Championnat du monde. Je suis content d'avoir fini. Ma satisfaction de la journée est d'avoir passé le fil d'arrivée. Mais c'était dur...»

Un rendez-vous manqué, disions-nous donc. Jugement sévère pour un médaillé de bronze individuel, le premier de l'histoire au Canada, qui réalisait ainsi son grand objectif? Appelons cela la rançon du succès.

«Quand on a une première journée comme ça, on se dit: ça va être comme ça tout le long, a d'ailleurs souligné le fondeur de 24 ans. Ça n'a pas été le cas.»

Le podium raté par trois centièmes au sprint par équipe, où le Canada défendait sa couronne mondiale acquise à Oslo en 2011, lui a laissé un goût «un peu amer». La suite a été carrément décevante.

«Si jamais j'avais eu le podium à la fin, je sortirais d'ici plus avec le sourire, a constaté Harvey. Avec le recul, je devrais être capable d'apprécier ces Mondiaux. C'est sûr que de finir avec une course difficile comme celle-là, ce n'est pas idéal.»

Ses succès aux précédents Mondiaux, pas seulement au relais, annonçaient aussi une suite grandiose, confirmée en partie la saison suivante par une sixième place au classement général et une première victoire sur le circuit de la Coupe du monde. Or, pour une raison ou pour une autre, la marche supplémentaire n'a pas été franchie cet hiver.

La même analyse s'applique au reste de l'équipe canadienne, qui est passée à côté de ses championnats, à part Ivan Babikov, brillant quatrième du 15 km individuel. La culbute de Devon Kershaw est particulièrement inquiétante et intrigante.

Il sera intéressant de voir comment le groupe, qui passera les prochains jours à l'entraînement en Autriche, abordera le reste de la saison. Et surtout quels enseignements ils tireront de ce séjour italien en vue des Jeux olympiques de Sotchi, dans moins d'un an.