Le skieur canadien le plus prolifique de l'histoire a effectué sa dernière descente.

Erik Guay a officialisé sa retraite du ski alpin, jeudi après-midi, une heure après la fin de la deuxième descente d'entraînement de la Coupe du monde de Lake Louise, à laquelle il n'a pas participé.

L'annonce de l'athlète de 37 ans survient au lendemain d'un entraînement particulièrement pénible. Quelques minutes avant de prendre le départ, il a appris la chute de son coéquipier Manuel Osborne-Paradis. Évacué par hélicoptère, ce dernier a subi une double fracture tibia et péroné à la jambe gauche. Le Britanno-Colombien devra se soumettre à une opération et sa saison est terminée.

Secoué et nerveux, Guay a dévalé la piste sur les freins, enregistrant le 69e temps de la journée, à près de quatre secondes du meneur, une anomalie pour le vice-champion mondial de la discipline, même diminué par un dos douloureux et une préparation moins qu'optimale.

Au bas de la pente, il a livré ses états d'âme à La Presse, serein mais visiblement perturbé par la tournure des événements.

«En fait, ça m'a tout pris pour sortir et prendre mon départ, avait-il admis. J'ai déjà été nerveux comme ça, mais ce n'était pas pareil. On dirait qu'il y avait plus de peur cette fois-ci. Je n'ai pas été capable de passer à travers.»

En raison de maux de dos, Guay a raté les Jeux olympiques de PyeongChang l'hiver dernier. Le skieur de Mont-Tremblant espérait revenir disputer une ultime saison et tenter une reconquête de son titre mondial en super-G, à Äre, en Suède, en février prochain.

Mais l'idée de la retraite lui trotte dans la tête depuis l'été alors qu'il ne parvenait pas à retrouver sa vitesse habituelle lors d'un stage sur un glacier en Suisse. Le père de quatre filles s'en est ouvert début octobre dans le cadre d'une tournée médiatique à Montréal.

«Je ne pensais pas en parler, a-t-il souligné après sa descente mercredi à Lake Louise. La question m'a été posée et c'est sorti naturellement. Ça a ouvert la porte. J'ai comme un pied dans la retraite et un pied dans la compétition.»

La semaine dernière, Guay a été témoin d'une autre blessure, celle de son jeune coéquipier Broderick Thompson, touché au genou et lui aussi fini pour la saison. L'accident d'Osborne-Paradis, avec qui il a partagé le podium aux Mondiaux de Saint-Moritz en 2017, l'a définitivement fait basculer.

«Je sais que je ne reviendrai pas comme compétiteur, a-t-il indiqué au sujet de son dernier passage à Lake Louise. En même temps, je suis quand même excité de passer à autre chose. On dirait que de plus en plus, je me sens prêt. C'est sûr que j'ai vécu tellement de moments en ski. J'ai passé pratiquement 37 ans sur mes planches. Au moment de me retirer, ça va être difficile. En même temps, ça va être excitant de passer à autre chose. Fêter Noël avec mes enfants à la maison. Ça aussi, c'est assez spécial.»

Deuxième de la descente dans la station albertaine en 2003, Guay est remonté 24 fois sur le podium en Coupe du monde, un sommet dans l'histoire du ski alpin canadien. Au total, il aura effectué 231 départs dans le Cirque blanc, signant cinq victoires et décrochant le globe de cristal du super-G en 2010. Il a ajouté trois médailles aux Mondiaux: un premier titre en descente à Garmisch-Partenkirchen en 2011, suivi de celui en super-G à Saint-Moritz en 2017, où il a aussi gagné l'argent en descente.

En trois participations aux Jeux olympiques, il n'a jamais réussi à remporter une médaille, terminant quatrième en super-G en 2006 et deux fois cinquième à Vancouver en 2010. Son départ laissera un énorme vide dans une équipe canadienne masculine en pleine reconstruction.