Remis de sa déception olympique, Erik Guay vise une saison de plus et une participation aux Championnats du monde d'Åre, en Suède, où il tenterait de ravir un troisième titre en descente en février prochain.

«Si je suis en santé, je pense que je peux toujours être compétitif, juge l'athlète de 36 ans. Mais il y a aussi des questions qui se posent.»

Le double champion mondial doit d'abord évaluer l'état de son dos, dont un épisode inflammatoire a provoqué son retrait des Jeux olympiques de PyeongChang, l'hiver dernier.

Pour l'heure, tout va bien. La semaine dernière, Guay s'est soumis à des examens aux quartiers généraux de Canada Alpin à Calgary. Les résultats favorables lui ont valu sans surprise une sélection parmi les membres de la prochaine équipe de Coupe du monde.

Le principal intéressé ne s'emballe pas. Comme le lui a rappelé son préparateur physique Scott Livingston, il est pratiquement devenu un expert pour «tricher» et déjouer un appareil qui vise à mesurer l'équilibre de ses muscles.

Le véritable test se déroulera au début du mois d'août sur le glacier de Zermatt, en Suisse, où l'équipe canadienne tiendra un stage sur neige. Pour la première fois depuis février, Guay s'entraînera alors dans un parcours et expérimentera la position de recherche de vitesse qui le faisait tant souffrir depuis sa blessure survenue à la descente de Val Gardena, en décembre.

«À ce moment-là, je pense qu'on va le voir, a indiqué le skieur en entrevue téléphonique hier. Si ça tient le coup après 10 jours, tant mieux. Je pense bien que ça va tenir et que je vais pouvoir faire les prochains camps au Chili. Mais je dois quand même y aller étape par étape. J'ai été très honnête avec mes entraîneurs et commanditaires. Je ne sais pas comment ça va aller et à quel moment ça pourrait ressortir. C'est sûr que j'aimerais finir sur une meilleure note que l'année passée.»

Libéré de ses problèmes au dos pendant plusieurs années, Guay n'a jamais su clairement la nature précise et l'origine de cette résurgence.

«Ça reste nébuleux et bien bizarre. Je pense que l'hypermobilité de mon dos a fait en sorte que j'ai eu une inflammation. J'avais commencé à faire beaucoup d'étirements et de yoga à cette période-là. Je pense que ça a presque empiré [mon cas] au lieu de m'aider.»

Prolothérapie

Pour améliorer ses chances de guérison, le skieur canadien le plus prolifique de l'histoire s'est récemment soumis à un traitement de prolothérapie*. «J'ai fait ça pour mon dos il y a cinq ou six ans et ça avait vraiment bien marché. On a décidé de le faire de nouveau, mais ça ne fait que quelques jours. C'est trop tôt pour dire si ça a marché ou non.»

Le père de quatre fillettes, dont une de 7 mois, n'est pas prêt à hypothéquer sa santé à long terme. Il assure que si son dos lui envoie des signaux à Zermatt, il ne s'acharnera pas.

Mais avant sa dernière blessure, Guay avait déjà exprimé sa volonté de poursuivre sa carrière jusqu'aux Mondiaux d'Åre, sur un parcours où il a terminé quatrième et sixième en 2007.

«Je pense que ça va être un bon moment [pour m'arrêter]. L'année d'après, il n'y a pas de championnats du monde. Je vais avoir 37 ans cet été. Ça achève tranquillement. En même temps, j'ai passé l'hiver avec mes enfants et j'ai bien vu à quel point ça me manquait. Alors si ça marche et que je suis capable de courir cette année, tant mieux, je vais être bien content, ça va faire un an de plus. Mais si ça ne marche pas, ce n'est pas la fin du monde. Je vais passer l'hiver au mont Tremblant, je vais pouvoir faire plus de ski avec mes filles et ce sera ça.»

* La prolothérapie «consiste en l'injection de diverses substances (dextrose, glycérine et phénol) à l'intérieur des ligaments ou des tendons endommagés entraînant une irritation et une inflammation locales et permettant de stimuler la croissance cellulaire et de réparer les tissus», selon un rapport de 2013 de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Cette pratique n'est pas reconnue au Québec et les données recueillies par l'INESSS ne lui permettaient pas de «justifier la poursuite d'études sur des sujets humains».

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Enchanté par le mont Édouard

À l'invitation de son ami Julien Cousineau, entraîneur-chef de l'équipe masculine du Québec, Erik Guay a passé une dizaine de jours au mont Édouard, à L'Anse-Saint-Jean, à la fin du mois d'avril. En plus de donner quelques conseils de glisse aux membres de la formation provinciale, il en a profité pour emmener sa fille aînée Logann et sept autres jeunes skieurs prometteurs du club Mont-Tremblant. La montagne et cette région du Saguenay l'ont enchanté et il compte bien répéter l'expérience. «Le ski est un sport qui coûte quand même cher, a-t-il noté. Je suis tanné de voir le monde qui descend au Colorado et que ça leur coûte 10 000 $ pour 10 jours. Ça nous a coûté 1000 $ pour le même temps ici. L'argent reste au Québec et c'est motivant pour les jeunes qui voient l'équipe du Québec s'entraîner.» À en juger par ces images captées au cours de l'hiver au mont Tremblant, Logann, 9 ans, a de qui tenir...