En position de recherche de vitesse, les bâtons pointés vers l'arrière, Erik Guay bondit sur un bloc en exécutant un demi-tour sur lui-même. Il effectue la même manoeuvre pour redescendre. Il recommence.

Ce n'est pas le genre d'exercice auquel on s'attendrait d'un gars dont les maux de dos ont défrayé la chronique pendant des années. Manifestement, le skieur tient la grande forme.

«Je ne l'ai jamais vu dans une aussi bonne condition physique», confirme Scott Livingston, son préparateur depuis 2011.

En fait, Guay ne s'est jamais senti aussi bien depuis la saison des Jeux olympiques de Vancouver, à l'issue de laquelle il avait remporté le globe de cristal du super-G. Les douleurs au dos et des opérations au genou l'ont ensuite rattrapé. Au même moment, il a rencontré Livingston, qui est devenu un ami et maintenant un concitoyen de Mont-Tremblant.

«C'est plate pour Scottie. Je suis venu le voir et j'étais toujours en train de faire un genre de réadaptation. Cet été, c'était plus: let's go, on va pousser.»

Au sortir d'une dernière saison conclue avec un podium à la descente de Saint-Moritz, Guay a repris l'entraînement dès la fin du mois de mars. Un petit gymnase aménagé dans l'ancienne écurie de ses parents lui a permis de mieux conjuguer ses vies d'athlète et de père de trois fillettes. Après avoir déposé son aînée à l'arrêt d'autobus le matin, il partait vers sa nouvelle salle en joggant. Livingston, qui l'a conseillé sur l'achat de quelques appareils sophistiqués, se joignait à lui à l'occasion.

«Erik est très diligent, très concentré sur le travail qu'il fait, relève l'ex-préparateur du Canadien de Montréal. Il est un athlète raisonné. Il aime savoir ce qu'il fait et pourquoi il le fait. Tant qu'il croit et fait confiance en ce que tu fais, il va tout donner.»

Quand Guay est arrivé à son premier camp sur neige en Suisse, à la mi-août, son entraîneur de ski Burkhard Schaffer lui a dit qu'il pouvait mettre la pédale douce dans le développement du haut de son corps. À un peu plus de 200 livres, il est assez costaud comme ça.

«Je ne lève pas de poids, mais je prends de la masse assez facilement, note l'ancien champion du monde de descente. C'est important d'avoir une certaine force pour ne pas t'arracher une épaule si tu tombes, mais si tu es vraiment large et que tu n'es pas capable de coller tes coudes pour te mettre en position aérodynamique, tu vas être lent.»

Absent durant tout l'hiver 2014-2015 après une opération au genou gauche, Guay a pris du temps à se mettre en marche la saison dernière. Ça lui a rappelé son retour après une première blessure grave à un genou en 2003. «Tu ressens une petite crainte quand tu reviens en ski. Il y a comme quelque chose qui te retient. Ça m'avait pris presque une année au complet avant que ça débloque. Ça a été un peu la même chose l'année passée.»

Cette saison, pas question de se retenir, surtout pour quelques rendez-vous encerclés à son calendrier: Wengen, qui ne lui a jamais souri, l'incontournable Kitzbühel, où sa deuxième place de 2013 le laisse encore sur son appétit, et les Mondiaux de Saint-Moritz, en février, où il avait fini sixième à sa première expérience en 2003.

«J'aimerais être très régulier, mais c'est sûr qu'il y a des moments où j'aimerais aussi prendre des chances, des risques un peu, comme Wengen et Kitzbühel», dit l'auteur de 23 podiums en Coupe du monde, qui amorcera sa saison le 26 novembre à Lake Louise.

À 35 ans, Erik Guay n'a plus que quelques saisons devant lui. Les Jeux de Pyeongchang et la fin de l'hiver 2018 représentent l'échéance la plus réaliste. Mais il sait qu'un trou dans une piste, un virage mal négocié ou une faute de carre trop brutale peut tout faire basculer en une fraction de seconde.