Un ambitieux projet vise à doter la station de ski Mont-Tremblant d'un centre national d'entraînement et de compétition de ski alpin unique dans le Nord-Est américain. Le plan de 11 millions inclut une nouvelle piste conçue pour respecter les standards d'homologation pour la tenue d'épreuves de la Coupe du monde.

Prévue sur le versant Soleil de la station phare des Laurentides, la piste pourrait accueillir un super-G masculin et une descente féminine, selon les critères de la Fédération internationale de ski (FIS).

Un système d'enneigement artificiel à la fine pointe de la technologie permettrait son ouverture dès la mi-novembre, période où les meilleurs skieurs québécois sont forcés de s'expatrier en Europe ou dans l'ouest du continent nord-américain pour s'entraîner.

Né il y a deux ans, le projet est piloté par un comité du club de ski Mont-Tremblant. En août, une demande de subvention de 5,5 millions, soit la moitié des coûts, a été soumise au programme de soutien aux installations sportives et récréatives du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Une réponse serait imminente.

«C'est sûr que si on l'a [le financement], ça va tout changer le monde du ski dans l'Est canadien», a avancé la présidente du club de ski Mont-Tremblant, Vickie-Nathalie Lévesque. «C'est un gros projet.»

Tracée à travers la forêt, la piste aurait une longueur de 2,5 km, une largeur minimale de 40 m et un dénivelé de 540 m. Elle pourrait accueillir autant des épreuves techniques (slalom, slalom géant) que des épreuves de vitesse féminines (super-G, descente) et masculines (super-G). Le Québec ne dispose plus de piste de vitesse fonctionnelle depuis que La Crête, au Mont-Sainte-Anne, a perdu son homologation l'an dernier. La Charlevoix, au Massif, n'est plus entretenue dans son entièreté depuis deux ans.

Autonomie complète

Réservée prioritairement à l'entraînement et à la compétition, la piste projetée au Mont-Tremblant n'en croiserait aucune autre. Elle serait ceinturée d'un système de filets de sécurité de haut en bas. Elle se terminerait près de la télécabine Casino Express.

Un pavillon pour l'entraînement en salle et des traitements, inspiré du centre d'excellence de la fédération américaine en Utah, serait construit au même endroit.

Le système d'enneigement serait indépendant de celui du reste de la montagne, avec ses propres sources d'eau et d'alimentation électrique. Opérationnel à -2 degrés Celsius, il permettrait de couvrir la piste d'une couche de plus de 1 mètre de neige à partir de la mi-novembre, selon les estimations du comité du club, appuyées par les relevés météorologiques des cinq dernières années.

«Ça nous enlèverait le casse-tête auquel on doit faire face présentement en n'ayant pas de neige», a noté Mme Lévesque. «L'objectif, c'est de pouvoir donner la possibilité aux athlètes d'élite d'avoir des plateaux d'entraînement et d'en bénéficier. Que ce soit l'équipe du Québec, les membres du club de ski Mont-Tremblant et même nos acolytes de l'Ontario et des États-Unis.»

En attendant la réponse du gouvernement, «pierre angulaire» de tout le projet, la présidente du club refuse de spéculer sur la possibilité de tenir une première Coupe du monde de ski alpin au Québec depuis celle de Stoneham en 1993. «On va commencer par avoir des NorAm», a simplement indiqué Mme Lévesque en faisant référence au circuit de développement.

Une source bien au courant du dossier a cependant souligné que l'organisation d'une nouvelle Coupe du monde féminine à Killington, dans le Vermont, en novembre 2016, avait retenu l'attention du comité du Mont-Tremblant. «L'idée serait de faire venir les hommes à Tremblant au même moment et les femmes l'autre fin de semaine, comme ils le font entre Lake Louise et le Colorado», a expliqué cette source.

Si le financement est réuni, la construction de la piste pourrait commencer dès le printemps avec une ouverture prévue à l'automne 2016.

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Un projet qui arrive à point

Ski Québec alpin (SQA) accueillerait à bras ouverts un nouveau centre d'entraînement. «Notre élite doit partir s'entraîner dans l'Ouest, et ça nous coûte une fortune», a souligné le directeur général Daniel Lavallée. «Avec la température douce de cette année, ça n'a pas aidé.»

Pendant quatre ans, la fédération a travaillé à un projet de centre d'entraînement au Mont-Sainte-Anne, mais le projet est tombé à l'eau. SQA s'est ensuite tournée vers le mont Grands-Fonds, dans Charlevoix, mais les négociations ont achoppé avec la Ville de La Malbaie, propriétaire de la station. Le projet de Mont-Tremblant arrive donc à point.