Dustin Cook ne le savait peut-être pas, mais il jouait son avenir dans l'équipe canadienne de ski alpin lors des premières épreuves de la saison. «S'il n'avait pas obtenu ces résultats, Val Gardena aurait été sa dernière course», a affirmé en décembre une source bien informée.

Comme quoi les choses peuvent vite tourner dans le sport. Cook a causé la surprise des derniers Championnats du monde de Beaver Creek en remportant l'argent au super-G. L'athlète de 26 ans est devenu le premier médaillé canadien depuis l'or d'Erik Guay en 2011.

L'exploit a été souligné dimanche au chalet principal du Mont-Sainte-Marie, station de l'Outaouais où Cook a fait ses premières armes en compétition.

«C'est la plus haute montagne de la région, avec un dénivelé de 400 m, je crois, explique celui qui a aussi terminé 12e en géant. En fait, il y a quelques excellentes pentes: une très bonne pour le géant et le slalom, une autre bonne pour le slalom. Comme de raison, c'est toujours glacé, mais c'est un endroit vraiment agréable pour courir quand tu es jeune.»

La famille Cook possède toujours un chalet au Mont-Sainte-Marie. Dustin y passe le plus clair de son temps lorsqu'il est au Canada. Hier, il répondait aux questions depuis Saalbach, en Autriche, où il reprend la compétition. Il doit participer à un entraînement de descente aujourd'hui et prendre le départ du super-G dimanche.

Une descente «normale»

Même s'il n'avait jamais fait mieux qu'une 12e position en Coupe du monde, Cook a été le dernier surpris de sa prestation à Beaver Creek, où il s'est toujours senti à l'aise. Sa copine, la skieuse américaine Abbe Ghent, est originaire de l'endroit.

«Je ne vois pas ce résultat comme hors de l'ordinaire, soutient l'ancien membre de l'équipe du Québec. C'était une descente assez normale pour moi, pour la façon dont je skie à l'entraînement. Ce n'est pas comme si je me disais: «Oh, mon Dieu, comment je refais ça?» Si je peux skier comme ça pour le reste de la saison, pour le reste de ma carrière, ça devrait aller. Je dois seulement garder cette constance.»

Champion du circuit de développement Nor-Am en 2010, Cook montrait de beaux flashes à l'entraînement, mais peinait à tout mettre ensemble en course. En 2013, l'arrivée de l'entraîneur italien Max Carca a représenté un tournant, sans que ça se traduise immédiatement sur la feuille de résultats (aucun point en 11 départs). «C'était une année de reconstruction», précise-t-il.

Durant l'été, il a ajouté une demi-douzaine de kilos à sa charpente, ce qui l'a rendu beaucoup plus solide sur ses skis. Il a aussi arrêté de faire le yoyo entre les groupes technique et de vitesse, se consacrant presque exclusivement au géant.

Les résultats ont suivi en Coupe du monde, surtout en super-G: 13e à Lake Louise, 12e à Beaver Creek et à Val Gardena. Carca l'accompagnait chaque fois, même s'il est entraîneur-chef de l'équipe technique.

«Ça lui permet d'avoir un oeil sur moi, explique Cook, qui apprécie cette complicité. On s'entend vraiment bien. On voit le même genre de choses [en ski]. Ça amène de la constance.»

S'il n'a jamais reçu d'ultimatum direct des dirigeants de l'équipe, il s'imposait lui-même la pression.

«Si je n'avais rien obtenu cette année, il aurait fallu réévaluer ce que je faisais, admet-il. Changer des choses ou voir si je voulais vraiment le faire encore, si je pensais pouvoir le faire. Heureusement, ça a très bien été. Je n'ai jamais cessé de m'amuser en skiant. Ce ne sera jamais un problème.» La route a seulement été plus longue que prévu.