Quand Valérie Grenier a assisté comme spectatrice à la Coupe du monde féminine de Beaver Creek, en novembre 2013, jamais elle n'aurait cru y revenir 14 mois plus tard à titre de partante pour les Championnats du monde.

À 18 ans, la Franco-Ontarienne sera la plus jeune représentante de l'équipe canadienne lors de l'événement qui s'ouvre lundi dans le Colorado. Elle doit participer au super-G (mardi), à la descente (6 février) et au super combiné (9 février).

Cette sélection est une «grosse affaire» pour celle qui pensait surtout aux Mondiaux juniors de Hafjell, en Norvège, du 7 au 13 mars. «Je n'ai pas réalisé que j'avais la chance d'aller aux Mondiaux seniors», a expliqué Grenier, jointe mardi matin à la résidence familiale de Saint-Isodore, dans l'Est ontarien. «J'étais vraiment contente d'apprendre ça. C'est une opportunité.»

Ses entraîneurs lui avaient annoncé la bonne nouvelle avant même sa brillante et surprenante 13e place au super-G de Saint-Moritz, dimanche. «J'imagine que mon dernier résultat a juste confirmé leur décision», a-t-elle supputé.

Difficile pour la membre de l'équipe de développement de se fixer des objectifs. Quoique sa prestation à Saint-Moritz, à son troisième départ en Coupe du monde, lui ait mis quelques idées en tête.

«C'est sûr que ça me fait juste en vouloir plus encore», a mentionné celle qui fait partie du club de Mont-Tremblant. «J'aimerais faire aussi bien aux Championnats du monde, mais j'ai juste le goût de donner tout ce que j'ai, voir comment ça va aller, sans me mettre trop de pression. C'est ma première année, j'aurai plusieurs chances.»

Des bons mots de Lindsey Vonn

Ancienne athlète de haut calibre en ski nautique, Grenier s'est déjà fait remarquer en décembre en prenant le 32e rang du super-G de Lake Louise. Nulle autre que Lindsey Vonn, son idole, l'avait félicitée après ce baptême en Coupe du monde.

Après une première victoire Nor-Am à Panorama, elle a mis le cap sur l'Autriche et la Suisse au début du mois pour poursuivre son apprentissage. Elle a découvert le parcours de Saint-Moritz lors de deux descentes d'entraînement en prévision d'une Coupe d'Europe, épreuve annulée en raison des conditions météo. «C'est vraiment une belle piste. J'ai adoré la skier», a-t-elle dit au sujet de l'Engiadina, où Mélanie Turgeon était devenue championne mondiale de la descente en 2003.

De retour dans la station suisse une semaine plus tard, Grenier a participé à sa première descente de Coupe du monde (52e) avant d'épater la galerie en super-G. S'élançant avec le dossard 50, elle croyait avoir «tout raté» en empruntant la mauvaise trajectoire sur un virage crucial.

«Je n'ai pas tendance à capoter quand quelque chose arrive, a-t-elle souligné. Je ne tourne pas mes skis de côté. J'ai juste continué sur mes carres et ça m'a ramenée [sur la bonne voie]. Mais j'étais vraiment fâchée contre moi. J'en revenais pas que je venais de faire ça.»

Appréhendant une déception, elle ne «pouvai(t) pas le croire» quand elle a vu son classement s'afficher sur le tableau indicateur. Cette fois, Lindsey Vonn, qui célébrait la 64e victoire de sa carrière, n'est pas venue la congratuler.

«Non, mais c'est quand même drôle parce que son père [NDLR: Alan Lee Kildow, un ancien champion junior américain] est venu me voir dans le finish et il s'est présenté, a rigolé Grenier. Je capotais encore, je n'en revenais pas. Il m'a félicitée et il m'a dit que j'avais vraiment bien skié.» Il y a fort à parier qu'il ne sera pas le dernier.