À cause de son prénom, Mikaela Tommy se fait taquiner par ses entraîneurs, qui la comparent à une autre Mikaela, Shiffrin celle-là, déjà dominante à 19 ans sur le circuit de la Coupe du monde de ski alpin.

«Vous avez le même âge, pourquoi n'es-tu pas meilleure qu'elle?», entend parfois Mikaela Tommy. La jeune skieuse de Wakefield, dans la région de l'Outaouais, n'en prend pas ombrage. Elle sait bien que Shiffrin est dans une classe à part.

En février 2013, l'Américaine, alors âgée de 17 ans, a remporté l'or en slalom aux Championnats du monde de Schladming. Sélection surprise, Tommy a fait ses débuts aux mêmes Mondiaux, mais elle n'a pas terminé la première manche du slalom géant.

L'hiver dernier, Shiffrin a poursuivi sa formidable ascension en devenant la plus jeune championne olympique de slalom de l'histoire aux Jeux de Sotchi, avant de gagner un deuxième Globe de cristal consécutif dans la discipline.

De son côté, Tommy a continué sa progression dans les circuits de développement Nor-Am, où elle a été couronnée en géant en 2013, et d'Europe, en plus d'obtenir cinq départs en Coupe du monde.

La comparaison fait sourire l'ancienne représentante de l'équipe du Québec. Sa rivale américaine raflait déjà tout au début de l'adolescence, se rappelle-t-elle.

«Elle est vraiment dans un autre monde, souligne Tommy en entrevue. Il y a plein de championnes en ski, mais ce n'est pas tous les jours que tu en vois une comme elle. Elle est vraiment spéciale. C'est comme impossible que j'aspire à être comme elle. Il faut juste que je trouve ma propre façon de la rattraper.»

Après deux saisons à s'entraîner avec l'équipe de Coupe du monde,

l'athlète de 19 ans a retrouvé le groupe de développement cette année, un changement de cap salutaire. Rivaliser avec Marie-Michèle Gagnon, Marie-Pier Préfontaine ou Erin Mielzynski a parfois plombé son moral.

«Si ça va mal, c'est vraiment dur pour moi, parce que tu es tellement loin dans les temps», explique la médaillée de bronze en géant aux derniers Championnats canadiens.

Inscrite aux deux premiers géants de la saison de Coupe du monde, à Sölden et à Aspen, Tommy s'est arrêtée en première manche. Elle a enchaîné avec une série de courses Nor-Am, où ses prestations l'ont laissée sur son appétit malgré sa première place au super-G de Panorama, le 16 décembre - sa première victoire en vitesse.

Elle regrette ses trois sorties de piste en slalom et en géant. «C'est ça, mon problème, j'ai une vitesse: je gagne ou j'explose dans le parcours. Il faut que j'apprenne comment me rendre jusqu'en bas du parcours sans prendre trop de risques.»

En plus d'un prénom, Tommy partage avec Shiffrin un même héritage familial en ski. Son père Michael est un ancien champion canadien et a participé aux Jeux olympiques de 1984 et 1988. Son grand-père paternel, Andy Tommy, avait été sélectionné pour les JO de 1956, mais une double fracture à une jambe l'a empêché d'y prendre part. Deux de ses grands-oncles, Art et Fred, ont également skié dans l'équipe canadienne.

Sa mère, Gabrielle Bulau, a été membre de l'équipe nationale de développement. Son oncle, Horst Bulau, a été le meilleur athlète canadien de l'histoire en saut à ski. Triple olympien et auteur de 13 victoires en Coupe du monde, il a récemment été intronisé au Panthéon des sports canadiens.

Mikaela a appris à skier au mont Edelweiss, une station fondée par son défunt grand-père Andy au début des années 60. Elle a été vendue à Mont-Saint-Sauveur International en 2000.

Après un court Noël avant le temps chez ses parents à Wakefield, Mikaela Tommy s'est envolée, hier, pour l'Autriche, où elle participera ce week-end à la Coupe du monde de Semmering. Elle tentera de marquer ses premiers points, l'un de ses principaux objectifs de la saison.

Des Coupes d'Europe et des courses FIS seront à son agenda en janvier, avec l'espoir d'être choisie pour ses deuxièmes Mondiaux seniors, à Vail/Beaver Creek, du 2 au 15 février. Elle visera ensuite un podium aux Mondiaux juniors de Havjell, en Norvège, du 5 au 14 mars. L'occasion sera belle de se faire un nom.

PHOTOS ALAIN ROBERGE, LA PRESSE