Ça tombait à plein ciel à Sölden, le village autrichien d'où Marie-Michèle Gagnon nous parlait plus tôt cette semaine. Un mètre de neige fraîche était attendu d'ici la fin de la semaine.

Oui, l'hiver approche à grands pas et le grand Cirque blanc est là pour nous le rappeler. Le traditionnel slalom géant d'ouverture de la saison de Coupe du monde de ski alpin aura lieu cette fin de semaine.

Malgré la bordée, Gagnon ne s'inquiétait pas pour le slalom géant féminin programmé demain sur le glacier Rettenbach. «Les Autrichiens savent comment faire», a souligné celle qui a posé ses valises dans le Tyrol autrichien il y a près de trois semaines.

Fin prête pour sa sixième saison de Coupe du monde, l'athlète de 25 ans aura une première occasion de mesurer le chemin parcouru au gré de trois stages sur neige à l'intersaison, dont un particulièrement fructueux en Nouvelle-Zélande, où elle s'est même exécutée entre les piquets dans un parc à neige.

«On a vraiment pu faire des progrès techniques, a affirmé Gagnon. Depuis qu'on est arrivées ici, on a skié à Pitztal, dans la vallée voisine. On a eu droit à toutes sortes de conditions: de la neige plus molle, de la mauvaise visibilité et beaucoup d'à-pic. Ç'a été très intense. Là, on est vraiment prêtes pour Sölden.»

Concentrée sur le géant

D'autant que Gagnon, comme elle l'avait annoncé en mars, s'est concentrée sur le géant dans les derniers mois. L'arrivée d'un nouvel entraîneur, l'Ontarien Jeff Lackie, particulièrement versé dans cette discipline, est donc bien tombée.

La skieuse de Lac-Etchemin avait le sentiment de stagner en géant, où elle a terminé 19e la saison dernière. «Il me manquait de la constance, a noté celle qui a fini 16e en 2011. Souvent, j'étais quatrième en première manche et je ne finissais pas la deuxième. Il y a eu trop de fois où j'ai fait une bonne manche et une autre mauvaise, ce qui a affecté mon classement. J'ai eu des sorties de piste et il me manquait un peu de confiance vers la fin de la saison.»

En slalom, Gagnon voudra consolider sa place dans le groupe sélect des sept meilleures (6e en 2014), ce qui lui procure un avantage marqué pour les positions de départ. Les retraites de l'Autrichienne Marlies Schild (3e), slalomeuse la plus couronnée de l'histoire avec 35 victoires, et de l'Allemande Maria Höfl-Riesch (5e), championne olympique à Vancouver, ouvrent les possibilités. Mais l'Américaine Mikaela Shiffrin, double gagnante du globe, et les Suédoises, avec qui la Québécoise s'est entraînée et a testé de l'équipement au printemps, composent une opposition toujours redoutable.

Limitée à un seul podium dans sa discipline favorite, en mars 2012, Gagnon refuse de se projeter trop loin devant. «Ça ne marche pas, pour moi, de dire: "Je veux être sur le podium le plus souvent possible", a constaté celle qui est souvent passé proche l'hiver dernier. J'ai un résultat quand j'exécute ce que j'ai à faire. Souvent, les bons résultats arrivent quand je pensais ne pas avoir bien fait.»

«Cheval de course» par nature, selon ses propres dires, Gagnon veut harnacher cet esprit compétitif pour le subordonner à une approche plus technique. «La tête d'abord, le coeur ensuite, a-t-elle résumé. J'ai toujours été capable d'attaquer un parcours et d'y mettre tout mon coeur. C'est ce qui m'a amenée plus loin dans mon sport. Ce qui me manquait comparativement aux meilleures au monde, ce sont les points techniques. Mentalement, il faut donc que j'exécute mon plan. Je dois skier intelligemment. La tête en premier, le coeur ensuite.»

En espérant que les podiums suivent.

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Exégèse olympique

Marie-Michèle Gagnon ne tire pas de sens particulier de ses deuxièmes Jeux olympiques, marqués par une chute spectaculaire et une dislocation de l'épaule dès le super combiné.

Ébranlée, elle avait enchaîné avec des sorties de piste en super-G et en géant avant de conclure avec une neuvième place en slalom. «Ce n'est pas une tragédie», a-t-elle insisté, étonnée que plusieurs aient perçu comme telle son expérience à Sotchi.

«Je me suis blessée, mais j'ai été capable de revenir et de faire un résultat assez honnête. J'étais une des 15 filles qui pouvaient gagner le slalom et malheureusement, j'ai fait une erreur coûteuse en deuxième manche. (...) Ce n'est pas la fin du monde.»

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Exit la vitesse

Comme prévu, Marie-Michèle Gagnon a mis les épreuves de vitesse de côté lors de l'entraînement estival. Il en ira de même pour la saison de course 2014-2015, où elle entend se limiter à quelques super-G qui lui plaisent, comme ceux de Lake Louise (7 décembre) et Saint-Moritz (25 janvier).

L'épreuve helvète la préparera pour le super combiné des Mondiaux de Vail/Beaver Creek. «Je passerai plus de temps à m'entraîner en technique», a expliqué la Québécoise.

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Espace à louer

Plus jeune, Marie-Michèle Gagnon pensait que les commanditaires feraient la file devant sa porte lorsqu'elle atteindrait le circuit de la Coupe du monde, a fortiori après une première victoire, finalement obtenue au super combiné d'Altenmarkt, le 12 janvier.

Or pour la première fois de sa carrière, elle n'aura pas de logo affiché sur le dessus de son casque protecteur, demain, à Sölden. La minière Osisko, qui soutenait la technicienne québécoise par l'entremise de Canada Alpin, a changé de propriétaire plus tôt cette année. Gagnon ne sait donc pas ce qu'il adviendra de l'entente qui devait courir encore cette année. Une ou deux autres entreprises sont aussi sur les rangs.

«La commandite, c'est vraiment difficile, mais ça ne me préoccupe pas trop, a dit Gagnon. J'ai un bon feeling qu'on va trouver.»