Pauvre Hopsi le lapin. Devant la tente d'accréditation, personne n'a pensé à déblayer les yeux de la fougueuse mascotte des Championnats du monde de ski alpin. Il faut dire que dans la seule journée d'hier, il est tombé un demi-mètre de grosse neige sur Schladming.
Quand on a retrouvé Erik Guay en fin d'après-midi, la pluie s'était mise de la partie. Rien pour énerver le skieur de Mont-Tremblant, qui attendait les deux journalistes québécois à l'hôtel de l'équipe. Un endroit tranquille comme il les aime, sur la route de Ramsau, en surplomb de Schladming et de la vallée de l'Enns.
Au milieu de l'entrevue, Guay indique gentiment au relationniste de l'équipe qu'il s'abstiendra d'assister à la cérémonie d'ouverture. Vêtu d'un pantalon de jogging et d'un kangourou, il pense déjà à la séance d'entraînement d'aujourd'hui, une exploration en ski libre juste avant le super-G féminin, épreuve d'ouverture de ces Mondiaux, qui se poursuivront jusqu'au 17 février.
Il s'agira du premier duel attendu entre la Slovène Tina Maze, qui écrase tout sur son passage cette saison, et l'Américaine Lindsey Vonn, la plus people des skieuses, à qui un tabloïd allemand prête une relation avec Tiger Woods.
Intrigante première affiche pour ces Mondiaux, les premiers à Schladming depuis 1982. L'affaire est énorme dans ce village autrichien de quelque 5000 habitants, connu pour son slalom nocturne: 650 skieurs de 70 pays, 1500 représentants des médias, près de 30 000 spectateurs qui se presseront chaque jour dans les tribunes du stade d'arrivée flambant neuf.
Guay est attendu au super-G de demain, un coup de dés où il croit avoir ses chances, et surtout à la descente de samedi, où il tentera de devenir le premier skieur à défendre son titre avec succès depuis le Suisse Bernhard Russi, en 1972. Toute une commande pour l'athlète de 31 ans, qui n'a pas gagné depuis sa médaille d'or historique à Garmisch-Partenkirchen, le 12 février 2011.
Pression? «Pas encore!» assure Guay, qui était passé saluer les employés de l'usine de son équipementier Atomic, en matinée, dans le village voisin d'Altenmarkt.
«En fait, j'ai très hâte à cette semaine. Ça va être cool, ça va être le fun. C'est pour ça que je travaille en ski. Pour ça que je passe des heures dans le gym, que je me botte le cul, que je passe des semaines et des mois loin de la maison, loin de la famille. Pour me tester. J'ai des chances de défendre ce titre. Ce serait énorme de pouvoir le faire.»
Après une arthroscopie à un genou à l'automne, Guay ne pouvait espérer meilleur scénario à l'approche de Schladming: quatrième à Wengen, puis cinquième (super-G) et deuxième (descente) à Kitzbühel, il y a moins de dix jours.
«Je suis beaucoup mieux préparé que la dernière fois. Je skie mieux. J'ai assez d'expérience des championnats et des Jeux olympiques. Je sais à quoi m'attendre. Si je m'en tiens à mon plan de match, ça devrait bien se passer. [Il prend une pause]. J'espère!»
Si Guay est le fer de lance de l'équipe masculine de vitesse, il ne faut pas négliger ses trois coéquipiers, chacun capable de sortir un lapin de son chapeau. Jan Hudec, qui revient d'un trip en Lamborghini (!) dans sa République tchèque natale, a gagné l'argent en 2007. Manuel Osborne-Paradis, 10e à Kitzbühel, prend du mieux après plus d'une année complète gâchée par les blessures. Benjamin Thomsen, 25 ans, n'a peur de rien et est monté sur le podium à Sotchi l'hiver dernier.
Champion mondial en 2007, l'Albertain John Kucera, qui n'est pas encore psychologiquement remis de sa terrible blessure à Lake Louise en 2009, a choisi de passer son tour et de refaire ses gammes sur le circuit Nor-Am. Deux autres grands absents: les vétérans québécois Jean-Philippe Roy (7e en 2007) et Julien Cousineau (5e en 2011), à qui on a préféré des jeunes.
Du côté féminin, tout repose sur le jeune groupe technique, mené par l'Ontarienne de 22 ans Erin Mielzynski, première Canadienne en plus de 40 ans à gagner un slalom l'an dernier. Elle sera épaulée par l'explosive Marie-Michèle Gagnon, 23 ans, qui a tous les atouts pour chauffer les meilleurs, Brittany Phelan, 21 ans, régulièrement parmi les 10 premières, et Marie-Pier Préfontaine, cinquième à s'élancer en super-G mardi. À noter la sélection de Mikeala Tommy, 17 ans, de Wakefield, au Québec, qui vient de gagner une Coupe Nor-Am et qui a fait des débuts en Coupe du monde il y a 10 jours.
Allez Hopsi, on se secoue, la grande fête du ski va commencer.
Horaire des compétitions
Aujourd'hui 5h: Super-G féminin
Demain 5h: Super-G masculin
Vendredi 4h et 8h: Super combiné féminin
Samedi 5h: Descente masculine
Dimanche 5h: Descente féminine
11 février 6h et 12h15: Super combiné masculin
12 février 11h: Compétition mixte par équipes nationales
14 février 4h et 7h30: Slalom géant féminin
15 février 4h et 7h30: Slalom géant masculin
16 février 4h et 7h30: Slalom féminin
17 février 4h et 7h30: Slalom masculin
L'équipe canadienne à Schladming
Hommes
Phil Brown, Ontario
Dustin Cook, Québec
Erik Guay, Québec
Jan Hudec, Alberta
Mike Janyk, C.-B.
Manuel Osborne-Paradis, C.-B.
Trevor Philp, Alberta
Ben Thomsen, C.-B.
Sasha Zaitsoff, C.-B.
Femmes
Marie-Michèle Gagnon, Québec
Erin Mielzynski, Ontario
Brittany Phelan, Québec
Marie-Pier Préfontaine, Québec
Elli Terwiel, C.-B.
Mikaela Tommy, Québec
Larisa Yurkiw, Ontario