À 76 ans, Karl Racker fait partie d'une armée, dont il est un des lieutenants, sans laquelle la Coupe du monde de ski de Lake Louise n'existerait pas.

C'est Julie Davies qui l'a soutenu lors d'un entretien avec La Presse. «À ma connaissance, la Coupe du monde de Lake Louise est la seule épreuve de la saison qui repose sur une équipe de piste presque 100% bénévole», a dit la directrice du recrutement de l'armada de quelque 300 personnes qui travaillent, certaines depuis le début du mois de novembre, pour préparer la piste et installer des kilomètres de filets de protection le long du parcours.

Assis aux côtés de Mme Davies dans le quartier général surchauffé des bénévoles, un peu en aval de l'aire d'arrivée, Darrell MacLachlan acquiesce. Bénévole depuis 25 ans, il est le grand patron de la descente et du super G de Lake Louise en sa qualité de chef de course. «La Coupe du monde de Lake Louise ne serait qu'une belle idée irréalisable sans tous ces gens», assure-t-il.

Selon Mme Davies, le budget d'opération de la Coupe de monde de Lake Louise de 4 millions devrait atteindre le double pour payer toutes ces personnes essentielles à la présentation de l'événement, une somme supplémentaire impossible à trouver pour une course au Canada, même avec la meilleure volonté du monde, dit-elle.

Le septuagénaire Racker est un de ces braves. La Presse a rencontré le résidant de Whistler sur la piste de descente et de super G, en début de semaine, alors qu'il dirigeait une équipe chargée d'une tâche de la plus haute importance: appliquer sur de gros filets installés en bordure de piste et soutenus par des câbles d'acier une seconde barrière de protection constituée d'un fin quadrillé de kevlar, afin d'empêcher un skieur en perte de contrôle de percuter un arbre de la forêt.

«Ça me garde jeune», répond-t-il lorsqu'on lui a demandé pourquoi il s'escrime ainsi dans la neige et le froid, à un âge où plusieurs de ses contemporains choisissent des activités plus sédentaires.

Croisé un peu plus tôt dans la hutte Kokanee, le chiropraticien Lance Barclay, de Lethbridge, en Alberta, portait un costume de ski semblable à celui de ses voisins, mais il avait le bras gauche en écharpe. Bénévole à la Coupe de Lake Louise depuis quatre ans, il n'a pu se résoudre à manquer l'événement, malgré une opération subie il y a un mois. «Je commençais à tourner en rond à la maison et je voulais quand même faire ma part. Je ne suis pas sur la piste comme à l'habitude, mais je me rends utile», a-t-il expliqué.

Selon Julie Davies, les bénévoles de Lake Louise proviennent de partout au Canada, mais aussi des États-Unis, de l'Allemagne, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie. Mais qu'est-ce qui peut bien pousser un Australien à venir ici à ses frais? Mme Davies s'est levée et est revenue avec un «Aussie» à la barbe blanche et à la peau cuivrée. «Pour les gens, a dit Robert Stewart, en promenant son regard autour de lui, une réponse que toutes les personnes que nous avons interrogées ont donnée. Et parce qu'il est extrêmement satisfaisant de penser qu'on peut tous ensemble réussir à présenter une course de cette envergure.» M. Stewart allonge 4000 $ de sa poche depuis plusieurs années afin de se joindre à l'aventure. «Tout compte fait, je considère que ce n'est pas si cher payé», assure-t-il.

Photo fournie par Winterstart Events

Pour les bénévoles, le travail est ardu, la paie inexistante, mais le panorama vaut son pesant d'or.