Erik Guay a la bénédiction du plus prolifique des célèbres Crazy Canucks, Steve Podborski, à qui il cherche à ravir cette saison, avec en ouverture les épreuves de vitesse de Lake Louise, ce week-end, le titre du plus grand médaillé en Coupe du monde de l'histoire du ski alpin canadien.

«Ça fait longtemps, c'est à peu près temps que quelqu'un batte mon record», a dit en rigolant Podborski, alias «Pod», au cours d'un entretien avec La Presse.

Avec 20 podiums, le skieur originaire de Toronto, aujourd'hui chef de mission du Comité olympique canadien pour les Jeux de Sotchi, en 2014, trône depuis près de 30 ans au sommet du palmarès canadien de la Coupe du monde. Son dernier succès, une première place à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne, remonte à 1984, l'année de sa retraite.

Guay, 31 ans, amorce avec la descente de samedi la saison des épreuves de vitesse de la Coupe à Lake Louise, dans les Rocheuses albertaines, avec 17 médailles au cou, auxquelles il faut ajouter le sacre de champion du monde de la descente remporté à Garmisch - encore là -, en février 2011, et qu'il défendra à Schladming, en Autriche, en février prochain.

«C'est une bonne chose qu'Erik soit rendu là, a ajouté Podborski. Ça signifie qu'on a continué à favoriser l'excellente, que le ski canadien progresse toujours. Je suis de tout coeur avec lui. Il faut aider et encourager nos athlètes à aller plus loin», a ajouté celui qui a secoué l'hégémonie européenne sur la descente, l'épreuve reine du ski alpin, au tournant des années 70 et 80, en compagnie de Ken Read, Dave Irwin et Dave Murray, les autres «fous» des Crazy Canucks (voir autre texte).

Joint par La Presse alors qu'il s'entraînait à Vail, au Colorado, Erik Guay a salué l'oeuvre de précurseurs de Podborski et cie. «Les Crazy Canucks nous ont ouvert la voie, leurs succès ont permis de développer au pays des passionnés de ski comme eux. C'était toute une équipe», a déclaré le skieur de Tremblant.

Eric Guay avoue que son flirt avec le record de Podborski lui ajoute une bonne dose de pression et il aurait souhaité pouvoir lancer sa saison dans de meilleures conditions.

Après une période d'entraînement estivale qui a comblé ses attentes, Erik Guay s'est pris à rêver à la possibilité de mettre le record de Podborski dans sa petite poche arrière dès cette saison. Mais une blessure et une opération à un genou survenues en septembre l'ont forcé à reconsidérer son plan d'attaque. Guay n'a repris l'entraînement sur neige qu'il y a environ deux semaines, après une mise en rancart de six semaines

«Mon genou va bien, mais j'ai le dos un peu raide. Je pense que c'est à cause du lit de l'hôtel, a-t-il glissé avec un sourire dans la voix. J'essaie de ne pas trop penser au record. Si je me laisse distraire, le chemin pourrait être plus long. Je croyais avoir de bonnes chances de le battre cette saison parce que les choses allaient très bien avant ma blessure. Mais je dois maintenant combler un retard, j'ai du boulot à faire afin de reprendre la forme et de rebâtir la confiance nécessaire pour descendre à fond.» Pour ajouter du dénivelé à son actif, le skieur québécois a fait des heures supplémentaires au Colorado afin de poursuivre l'entraînement avec l'équipe norvégienne. À son arrivée à Lake Louise lundi, Guay a déclaré à La Presse être satisfait de ses progrès.

Après cet automne chamboulé, le skieur dit avoir des attentes modestes pour la descente de samedi et le super-G de dimanche. «Je veux évidemment bien faire, je ne sais pas comment aborder une course autrement qu'avec la rage de gagner, mais je suis réaliste. Mon objectif est de continuer ma progression pour être en mesure d'atteindre la meilleure forme possible pour la fin décembre ou le début janvier, à temps pour les courses de Wengen (Suisse, à la mi-janvier), de Kitzbühel (Autriche, à la fin janvier) et pour les Championnats du monde (début février).»

Steve Podborski estime lui aussi que la tâche sera plus ardue pour Guay à la suite de sa blessure et de son opération. «La concurrence est forte sur le circuit, mais ce n'est pas irréalisable. Erik a le talent et l'expérience nécessaire pour connaître une bonne saison, mais il a du temps à rattraper. Il faudra qu'il soit constant», a-t-il avancé.

Plus d'une fois au cours de sa carrière, Erik Guay a prouvé être capable de régularité. Il a réussi cinq podiums en 2007, quatre en 2010 et trois en 2005. Il a terminé la saison dernière avec des deuxième et troisième places à Garmisch et à Chamonix, en France. Jeune trentenaire, il lui reste encore quelques bonnes années avant d'accrocher ses planches, s'il reste à l'abri des blessures. Pour preuve - et il n'est pas le seul «vétéran» à avoir réussi l'exploit - le Suisse Didier Cuche, maintenant à la retraite, a raflé cinq médailles et terminé deuxième et troisième au classement général du super-G et de la descente, la saison dernière, à 37 ans.

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EN QUELQUES MOTS...

> Sa médaille la plus satisfaisante: «Ma victoire à Garmisch en mars 2010, qui m'a permis de mettre la main sur le globe de cristal (premier au classement de la discipline sur l'ensemble de la saison) du super-G.»

> La plus surprenante: «Ma deuxième place à Lake Louise en 2003, à l'âge de 22 ans. Je ne m'attendais vraiment pas à ça à ce moment-là de ma carrière.»

> Celles qui lui manquent: «Kitzbühel, la descente la plus difficile et la plus prestigieuse. Le palmarès de cette course est constitué des plus grands noms. Je veux aussi mettre la main sur une médaille olympique.»

> Ses idoles: l'exubérant italien Alberto Tomba, les Norvégiens Kjetil André Aamodt et Lasse Kjus, et bien sûr, Herman «Herminator» Maier, l'indestructible descendeur autrichien.

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SON PALMARÈS

1)    2e - Descente - Lake Louise, novembre 2003

2)   2e - Super-G - Beaver Creek, É.-U., décembre 2005

3)    2e - Super-G - Val Gardena, Italie, déc. 2005

4)    3e - Descente - Val Gardena, Italie, déc. 2005

5)    2e - Descente - Val d'Isère, France, janvier 2007

6)    3e - Descente - Garmisch-Partenkirchen, Allemagne, février 2007

7)    1er - Descente - Garmisch-Partenkirchen, Allemagne, février 2007

8)    2e - Descente - Kvitfjell, Norvège, mars 2007

9)    3e - Super-G - Lenzerheide, Suisse, mars 2007

10)    3e - Descente - Beaver Creek, É.-U., décembre 2008

11)    1er - Super-G - Kvitfjell, Norvège, mars 2010

12)    3e - Descente - Kvitfjell, Norvège, mars 2010

13)    3e - Super-G - Val Gardena, Italie déc. 2010

14)    1er - Super-G - Garmisch-Partenkirchen, Allemagne, mars 2010

15)    2e - Descente - Kvitfjell, Norvège, mars 2011

16)    2e - Descente - Garmisch-Partenkirchen, Allemagne, janvier 2012

17)    3e - Descente - Chamonix, France, février 2012

Source: Canada Alpin

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LES CANADIAN COWBOYS EN COUPE DU MONDE

> Erik Guay, 31 ans: 17 podiums et le champion du monde en titre de la descente (2011)

> Manuel Osborne-Paradis, 28 ans: 9 podiums

> Jan Hudek, 31 ans: quatre podiums

> John Kucera, 28 ans: trois podiums et champion du monde de descente en 2009.

Total: 33 podiums de Coupe du monde

Total des Crazy Canucks: 39 podiums de Coupe du Monde