Il faut ménager les susceptibilités russes. Bode Miller s'en est aperçu, mercredi, quand il a émis des réserves sur la nouvelle piste où sera présentée la descente des Jeux olympiques de Sotchi de 2014.

«Ça n'incarne pas du tout ce que devrait être une vraie descente de Coupe du monde», a raconté le vétéran skieur américain après le tout premier entraînement sur la piste Rosa Khutor en vue de la descente programmée samedi.

Miller a tenu à clarifier ses propos, jeudi, au terme du deuxième entraînement, stoppé après 36 coureurs en raison du brouillard. La montagne est magnifique et parfaite pour une descente, les installations sont de classe mondiale, mais la section du haut est tracée de façon beaucoup trop sinueuse, a précisé le triple médaillé des JO de Vancouver.

Le Québécois Erik Guay est du même avis. «C'est de valeur un peu, ce n'est pas la 'vraie' descente», a confié le champion du monde en téléconférence avec les médias nord-américains.

Cette piste russe conçue par Bernhard Russi, Guay la compare à la Face de Bellevarde, de Val d'Isère, ou à la piste de Lenzerheide, en Suisse, où ont eu lieu les dernières finales de la Coupe du monde.

«Ce sont des parcours tellement techniques, tellement serrés, que tu n'as pas la même peur que tu as normalement en descente», a souligné celui qui a fini troisième à Chamonix samedi. «Pour moi, c'est ça une vraie descente: quand c'est ouvert, ça suit la montagne, il y a des mouvements de terrain. Comme c'est là présentement, c'est plus un super-G. Mais ça en prend de toutes les sortes.»

Guay espère que les responsables de la fédération internationale sauront trouver un compromis pour ce parcours qui s'annonce néanmoins spectaculaire. Après la première minute, il y a de longs virages rapides, quelques grands sauts - dont un où les skieurs franchissent une soixantaine de mètres dans les airs - et des vitesses de pointe pouvant atteindre 135 km/h.

Le dénivelé est de 1075 mètres sur près de 3,5 kilomètres, une distance particulièrement longue pour une descente. Jeudi, l'Autrichien Hannes Reichelt, le plus rapide, a mis près de 2 minutes 13 secondes pour atteindre l'arrivée.

La Rosa Khutor sied-elle au style de Guay, qui vise une première médaille olympique après être passé si près à Turin (quatrième) et Vancouver (deux fois cinquième)? «Dur à dire», a répondu le principal intéressé, huitième et neuvième aux entraînements, qui se sont déroulés sur une piste très glacée. «Le parcours pourrait me convenir, mais pour l'instant, j'ai de la misère à faire tourner mes skis dans la section du haut.»

L'athlète de 30 ans est plus enthousiaste par rapport à la deuxième portion de la descente, où il a enregistré parmi les meilleurs temps intermédiaires. «Si je suis à une demi-seconde du premier en haut, je pense pouvoir être compétitif et gagner.»

À l'occasion de cette seule Coupe du monde à Sotchi avant les Jeux olympiques, le classement de samedi ne sera pas l'élément le plus déterminant aux yeux de Guay. «Ce n'est pas impératif d'avoir un bon résultat (en vue des JO)», a indiqué celui qui deviendra papa pour la deuxième fois en avril. Tu dois amasser le plus d'informations possible sur la piste, regarder les vidéos, les analyser de façon réaliste et essayer de construire là-dessus,quel que puisse être ton résultat.»