Didier Cuche commence à prendre goût à Lake Louise. Après des années de vaches maigres dans la station albertaine, le Suisse de 37 ans a signé sa deuxième victoire en trois ans à la descente de Coupe du monde, samedi après-midi.

«C'est incroyable, j'ai de la peine à y croire», a confié Cuche quelques minutes après la 18e victoire de sa carrière, la 10e en descente. «En passant la ligne, j'ai entendu que ça faisait du bruit, j'ai vu le vert et j'y croyais pas.»

Dans cette première descente de la saison largement dominée par les Suisses, les Autrichiens et les Français - seul Bode Miller (9e) a brisé leur hégémonie parmi les 10 premiers - Cuche a devancé par six centièmes son jeune compatriote Beat Feuz, 24 ans et ancien double champion mondial junior.

Cuche a eu chaud quand l'Autrichien Hannes Reichelt, parti avec le dossard 45, a réussi l'exploit de remonter jusqu'à la troisième place, résultat-surprise attribuable aux conditions météo changeantes à Lake Louise.

Insatisfait de son dernier entraînement (20e) vendredi, Cuche a procédé à des ajustements à son matériel, réduisant l'accroche de ses carres et modifiant l'angle de ses bottes. Un «coup de poker» qui a fait toute la différence, a-t-il assuré. Le Suisse a d'ailleurs tenu à remercier son technicien Chris Krause, qui a déjà travaillé avec Mélanie Turgeon.

«C'est une piste très difficile à maîtriser, a souligné Cuche. C'est le mélange entre l'attaque et la glisse. Le toucher fin de la neige est très difficile à doser. C'est pour ça qu'il faut arriver à trouver de bons réglages au niveau du matériel.»

Plus vieux vainqueur en Coupe du monde, Cuche explique sa longévité par le plaisir qu'il éprouve sur les pentes. «On travaille très dur, on met plus de 500 heures d'entraînement en gymnase, a-t-il souligné. Puis, il y a les nombreuses journées de ski, pas toujours sous le soleil. Quand tu as finalement du succès, ça aide à passer à travers ces heures. En course, je ne sais pas pourquoi, mais même avant de voir le temps, j'ai du plaisir 90% du temps.»

Quadruple vainqueur du globe de cristal de la descente, Cuche pourrait égaler cette saison le record établi par l'Autrichien Franz Klammer entre 1975 et 1983. Le Suisse n'aime pas trop qu'on le lui rappelle, préférant se concentrer sur la prochaine course.

«C'est sûr que la question "Est-ce qu'on va encore arriver à gagner?", elle est toujours là, a admis Cuche. Quand on regagne, on se dit: on va la savourer, c'est peut-être la dernière.»